Elle a partagé le même lit avec un membre de la famille de ses employeurs. Mais ce dernier n'avait pas l'intention de partager avec elle le fruit de leur amour. Le résultat: elle a commis un infanticide. Nous sommes à Boujniba, à quinze kilomètres de Khouribga, dans la région de Chaouia-Ouardigha. Tout était calme ce matin du mois d'octobre. Les riverains prenaient le chemin de leur travail. Ils n'échangeaient que les bonjours. Tout d'un coup, l'un des riverains est resté cloué à sa place. Un petit corps humain dans une ruelle ? Peut-être. Pour s'assurer, il s'est approché de lui. Il s'agit bel et bien d'un petit corps humain, de sexe féminin, gisant dans une mare de sang. Des curieux l'ont rejoint. Qui a tué cette petite fille qui, sans aucun doute, venait de voir le jour ? On compose le numéro de la Gendarmerie royale. Pas moins d'un quart d'heure, les enquêteurs sont arrivés. Ils ont dispersé les badauds qui s'attroupaient autour du petit corps sans vie pour entamer le constat d'usage. En effet, ils ont remarqué un corps d'un nouveau-né, de sexe féminin, présentant une grave plaie au niveau de sa poitrine, du côté du cœur. Le chef de la brigade a appelé aussitôt le responsable de la morgue de l'hôpital provincial de Khouribga. Il l'a sollicité d'envoyer un fourgon mortuaire susceptible d'évacuer le cadavre afin d'être autopsié. Qui l'a tué? D'abord, qui l'a mis au monde? Qui est sa mère et son père? A-t-elle été enlevée et tuée ? Ou a-t-elle été tuée par ses parents? Ou uniquement par sa mère ou par son père? Il s'agissait d' interrogations nécessitant une enquête minutieuse. Effectivement, ils ont entamé leurs investigations en s'adressant à quelques témoins. Ceux-ci ont affirmé avoir vu, tôt, une jeune fille, dans un état lamentable , qui passait par la ruelle comme s'elle fuyait. D'autres témoins ont révélé que cette jeune fille travaillait comme domestique chez une famille demeurant non loin du lieu où le cadavre a été découvert. Les témoins ont indiqué qu'elle était enceinte avant sa disparition. Mais, elle a réapparu le matin du jour de la découverte macabre. Qui est-elle? Les gendarmes l'ont identifiée et l'ont arrêtée chez elle. Elle a été conduite au Commandement de la gendarmerie royale de la région. Elle a été soumise aux interrogatoires. Mais, elle a nié être enceinte. «Je suis encore vierge. Je n'étais jamais enceinte…», a-t-elle répondu. Les enquêteurs n'ont pas cru ses paroles. Surtout que les témoins mettaient l'index sur elle. Aussitôt, le chef de la brigade lui a expliqué qu'un gynécologue l'examinerait pour confirmer ou infirmer si elle est encore vierge ou pas et si elle avait été enceinte ou pas. Elle a ressenti que l'étau se resserre autour de son cou. En conséquence, elle s'est mise à table. Qui est le père de sa fille? Pourquoi l'a-t-elle tuée ? En réponse, elle a affirmé aux enquêteurs qu'elle a entretenu une relation amoureuse avec un membre de la famille de ses employeurs. Une relation qui a duré plusieurs mois et au cours de laquelle ils partageaient le même lit comme des époux. Mais, enfin, elle est tombée enceinte. Son amant a refusé de la demander en mariage pour sauver l'identité de l'enfant. Il a même disparu. La jeune fille qui n'a rien révélé à sa famille a également disparu. Quelques mois plus tard, elle a mis son nouveau-né, de sexe féminin, à la rue. Pour se débarrasser d'elle, elle a saisi un couteau et l'a enfoncé dans sa poitrine juste à côté de son cœur. Après l'avoir tuée, elle est retournée chez ses parents. La jeune fille a été traduite devant la Cour d'appel de Khouribga poursuivie pour infanticide. Quant à son amant, il est toujours recherché par la Gendarmerie royale.