Le vernissage de l'exposition «Résonances» dans le cadre du salon Art Fair Marrakech a eu lieu samedi 9 octobre à Marakech. Que quelques pas dans les dédales de l'ancienne médina pour accéder au musée de Marrakech qui abrite l'exposition Résonances organisée par le CCME (7 octobre au 7 décembre). Au sein de ce musée à l'architecture arabo-andalouse abritant cette exposition d'art contemporain, le visiteur n'est pas au bout de son périple intellectuel et ses contrastes. Quinze artistes avec chacun son propre itinéraire présentent leurs mondes, leurs œuvres, résonantes et dissonantes... Accablante est l'oeuvre de Mounir Fatmi, c'est avec des câbles d'antenne coaxiaux, des attaches sur panneau de bois qu'il a conçu le portrait du Christ intitulé «Présumé innocent». Le reflet des vis argentés des attaches deviennent des sortes de points lumineux selon la perception du spectateur. Quel sens donner à ces matériaux modernes abordant des sujets universels, religieux ou communautaires? Mounir Fatmi joue avec les signes (les lettres arabes), les attaches, celles des traditions, les convictions. Il met en scène les connexions des câbles, référence à la modernité, aux médias, au monde et sa machinerie, «machinery» est le titre d'une de ses œuvres... Sensuelle et envoûtante est l'oeuvre de Lalla Essaydi. C'est d'ailleurs celle qui a eu le plus de succès auprès du public. La femme en est le sujet principal. Son langage est complexe, une calligraphie féminine en henné l'exprime. La photographie est surchargée par cette écriture, sorte de talisman qui constitue à la fois le fond et le premier plan de l'œuvre, au même titre que le modèle adoptant les postures chéries par les peintres orientalistes. «Je revisite les odalisques des peintres orientalistes pour corriger et présenter une autre image de la femme arabe, tantôt objet de fantasme (harem des mille et une nuits), tantôt perçue comme un être opprimé et soumis» ,a déclaré à ALM cette artiste qui vit USA. La femme est également le sujet de l'installation de Wafae Alouch El Keriasti (Amsterdam et Berlin). Dans une salle blanche cohabitent les duels : cercles de divers formes et carrés, lignes parallèles et croisées, le noir et le blanc... Le dessin est un art à part entière chez cette artiste, il n'est plus le croquis, étape d'un cheminement, il est la conclusion artistique d'un cheminement. Une photo historique dépouillée d'une véritable figure nous renvoie facilement à celle du nazisme, du totalitarisme, du racisme, du sexisme, du dictat de l'image ... les dessins montrent une femme clown, «fou du roi », femme acrobate... Le dessin, le noir et blanc, sont aussi présents dans l'œuvre de Chourouk Hriech (france). «ç'aurait été un festival de couleurs si je n'avais pas opté pour le noir et le blanc», dit elle. Les choses apparaissent et disparaissent dans ses oeuvres narratives. Elles interrogent l'espace. Ce sont des dessins à tiroirs, les dessins fantastiques d'une cartographie de l'imaginaire, du voyage. L'œuvre de Hicham Benouhoud est autobiographique. Il est son propre modèle. la vitrine de son portrait est ponctuée de ses empreintes. Sa photo d'identité est tour à tour coupée en deux, froissées, mutilée... C'est le cri d'une identité fragile et opprimée. Cette exposition fait rencontrer des d'artistes de diverses générations, tous inclassables ( Aziza Alaoui, Fouad Bellamin, Charif Benhalima, Mohamed el Baz, Mohamed zoubeiri, Bouchra Khalil, Najia Mehadji, Malik Nejmi, Ilias Selfati, abderrahim Yamou) : des jeunes voguant dans toutes sortes de rivages artistiques à la recherche de leur île et des artistes, des pirates émérites transmettant leur expérience, transmettant ou enterrant leur carte au trésor.