La police espagnole est violemment intervenue, mardi à Almeria, contre une manifestation organisée par quelque 300 immigrés marocains. Les membres de la Garde civile espagnole ont arrêté au moins 20 sans-papiers. Mercredi, formations politiques, d'associations et ONG andalouses sont une nouvelle fois montées au créneau pour dénoncer une gestion de plus en plus musclée du dossier de l'immigration en Espagne. Le défenseur du peuple (médiateur), José Chamizo a critiqué l'usage de la force par la police nationale espagnole contre des manifestants, dont le seul tort était de réclamer, pour la deuxième journée consécutive, la régularisation de leur situation. Pour M. Chamizo, ces incidents sont l'illustration de l'échec de la loi sur l'immigration, question, estime-t-il, qui nécessite une nouvelle approche passant avant tout par l'arrêt de l'exploitation des immigrés. Le défenseur du peuple a dit avoir contacté à maintes reprises à ce sujet les responsables des gouvernements andalou et espagnol pour les inciter à oeuvrer à l'apaisement de la situation afin d'éviter le pire. Il a invité le secrétaire d'Etat espagnol à l'immigration, Enrique Fernandez-Miranda à s'expliquer sur les mesures qu'il compte mettre en oeuvre pour dépasser cette situation. Même son de cloche chez le conseiller andalou des affaires intérieures, Alfonso Perales, qui a déploré avec force l'intervention des forces de l'ordre espagnoles contre les immigrés marocains. Il a souligné que le gouvernement espagnol doit assumer ses responsabilités pour trouver une solution à ce problème, qualifiant d'« absurde », la politique poursuivie par le gouvernement dans ce domaine, laquelle aboutit à des situations « intenables » qui mettent le dossier de l'immigration « dans l'impasse ». pour M. Perales aussi les solutions appropriées passent par l'amélioration des conditions de vie des immigrés. Au niveau local, le maire socialiste d'Alméria (PSOE), Santiago Martinez Cabrejas, a qualifié de « disproportionnées » les mesures adoptées par la sous-délégation du gouvernement espagnol pour gérer ce problème. M. Cabrejas a exprimé dans une « déclaration institutionnelle », sa préoccupation à l'égard de ces événements, estimant qu'ils sont de nature à porter atteinte à la paix sociale à Almeria. Le maire d'Alméria est allé plus loin, accusant implicitement le Syndicat des ouvriers agricoles (SOC) d'être à l'origine de ces incidents pour avoir appelé à la manifestation. Tout en convenant qu'il incombe aux autorités du gouvernement central de résoudre le problème de l'immigration, il a estimé nécessaire de prendre des mesures Appropriées dans le dossier de l'immigration, afin de prévenir toute aggravation de la situation. Pour les dirigeants régionaux d'Izquierda Unida (IU, coalition de gauche), la sous-délégation du gouvernement espagnol à Almeria est directement responsable de ce dérapage. Le gouvernement, qui a fait montre d'un « manque du respect et de sensibilité » à l'égard des droits de l'homme, doit reconnaître son échec dans le traitement des problèmes de l'immigration, a affirmé Antonio Romero, porte-parole d'IU au Parlement andalou.