Le débat soulevé entre les tenants de régions et les conservateurs du pouvoir central s'aggrave par la révélation des contacts entre Josep Lluís Carod-Rovira et l'organisation basque armée. Josep Lluís Carod-Rovira, a démissionné le mardi 27 janvier. En effet, le numéro deux du nouveau gouvernement catalan et leader de la formation indépendantiste Gauche républicaine de Catalogne, a reconnu avoir rencontré les dirigeant basque ETA. Josep-Lluis Carod-Rovira, la cinquantaine a peine passée, était jusqu'ici un personnage marginal de la politique catalane. Nommé premier conseiller, il a été le bras droit de Maragall au gouvernement. En quelques années, son parti a pris plus d'ampleur, et compte surtout les déçus de CiU. Comme Maragall, il a connu les partis clandestins et les geôles franquistes et défend un nationalisme «ouvert et intégrateur». «La Catalogne n'est ni l'Irlande du Nord, ni le Québec, ni le Pays basque, affirme-t-il. Ici, nous pouvons choisir une société non pas nationaliste, mais nationale, où l'appartenance à une nation soit une élection : est catalan qui veut l'être». Sa révélation complique encore plus le conflit entre les socialistes et les «populaires” à propos de l'unité de l'Etat. Nombreux sont les facteurs qui viennent remettre en cause le modèle d'organisation territoriale établi par la constitution de 1978. On citera notamment : le plan sécessionniste présenté par le chef du gouvernement basque, Juan José Ibarretxe Markuartu ; l'accord entre socialistes et indépendantistes conclu en Catalogne et les projets d'autonomie accrue envisagés par cinq autres régions. Au sein de cette confusion qui s'aggrave de jour en jour, une certitude persiste : alors que la question des autonomies régionales ne figurait que dans les programmes des partis nationalistes, la campagne pour les élections législatives attendues le 14 mars prochain débattra inéluctablement de la disposition de l'Espagne en tant que nation. En effet, “C'est sans doute la première fois que les deux principaux partis du pays Parti populaire (PP) et Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) s'affronteront sur le modèle d'Etat”, souligne El País. Les socialistes et les populaires présentent leurs modèles comme une caution de stabilité mais convergent quant à la configuration future du pays. En effet, d'un côté, le candidat socialiste José Luis Rodríguez Zapatero estime que l'organisation de l'Espagne, mise en place il y a vingt-cinq ans, a besoin d'être adaptée aux réalités d'aujourd'hui et qu'une réforme des statuts d'autonomie représente un instrument nécessaire pour assurer la stabilité politique de l'Etat et le développement socio-économique. Il reste toutefois favorable à ce que les régions disposent de ressorts renforcés en matière de justice.De l'autre côté, le Parti populaire, refuse tout changement ou évolution en se retranchant derrière la constitution. Le Premier ministre, José María Aznar, accuse même les socialistes de mettre “en grave danger” la stabilité du pays. Or, cette fois, Aznar ne se représente pas et son successeur, Mariano Rajoy, a la réputation d'être plus enclin au dialogue.