Maintenant que les Bleus viennent de livrer la plus cocasse des prestations, Nicolas Sarkozy ne pouvait rester les bras croisés et passer par pertes et profits un tel désastre. En fait, ce n'est qu'une question de finalité. Le grand choix se jouait entre deux uniques hypothèses. Si l'équipe de France s'était bien illustrée dans le Mondial de l'Afrique du Sud, Nicolas Sarkozy lui aurait réservé le plus grand des accueils. Tapis rouge à l'Elysée. Musique d'ambiance sur les Champs Elysées. Et feux d'artifice et champagne à volonté dans les terroirs français les plus reculés. Le président, amateur des bonnes vibrations, aurait chevauché la performance jusqu'à la lie. Maintenant que les Bleus viennent de livrer la plus cocasse des prestations en se faisant éliminer dès le premier tour et en étant les héros d'un psychodrame planétaire et la risée d'une moquerie mondiale, Nicolas Sarkozy ne pouvait rester les bras croisés et passer par pertes et profits un tel désastre. D'où l'idée d'organiser en urgence absolue une réunion au sommet à laquelle participerait la majorité des protagonistes politiques d'un tel naufrage. François Fillon dans le rôle du greffier bougon trop heureux de rappeler à son audience qu'il avait raison avant tout le monde. Rama Yade, secrétaire d'Etat aux Sports dans le rôle de la benjamine à la langue pendue, provocatrice de tensions par une maladresse calculée. Et Roselyne Bachelot dans le rôle de la thérapeute d'urgence qui câline avant de d'assener le coup qui assomme. Il n'y a aucune surprise à ce que Nicolas Sarkozy tente de prendre les choses en main. Déjà, des confidences et des analyses semées dans la presse lui attribuent la première responsabilité dans le renvoi de Nicolas Anelka, ce joueur qui avait insulté le sélectionneur Raymond Domenech et qui était à l'origine de la dégringolade de l'ensemble du collectif France. On le décrit comme un mordu de foot au point de reporter un rendez-vous politique international pour pouvoir savourer à fond le dernier match de vérité de l'équipe de France. Cette troisième mi-temps organisée à l'Elysée vise à remplier plusieurs objectifs. Le premier est de tenter d'apporter une réponse politique à ce qui s'apparente à une faillite généralisée. D'où l'idée de proposer des états généraux du football pour mettre à plat l'ensemble des problèmes et essayer d'apporter des solutions structurelles. C'est ce que Rama Yade a appelé dans son langage à la métaphore facile «un big-bang du foot». Cela passe nécessairement par la démission devenue «inéluctable» selon l'expression de Roselyne Bachelot du patron de la Fédération française de football Jean-Pierre Escalettes, l'homme qui contre vents et marées avait maintenu Raymond Domenech à son poste d'entraîneur malgré son bilan décevant. Second acte de cette troisième mi-temps est la rencontre fort originale jeudi entre le président Sarkozy et le joueur de l'équipe de France Thierry Henri. La confusion persiste toujours sur la paternité originelle d'une telle initiative. L'explication officielle donnée à cette rencontre est que le président voudrait entendre le déroulé réel des événements de la bouche du plus capé des joueurs de l'équipe de France. Mais cette agitation de Nicolas Sarkozy autour du football n'est pas du goût de tout le monde. Nombreux sont ceux qui l'accusent de vouloir élever un rideau de fumée pour dissimuler la séquence très tendue que traverse sa gouvernance, avec une multiplication assez inquiétante de scandales de tous genres.