Au lendemain de l'annonce du bilan du gouvernement, l'opposition est montée au créneau pour relever les points négatifs de ce bilan à mi-mandat. Demain, le Premier ministre doit présenter ses réponses à toutes ces interrogations. L'opposition fustige la déclaration gouvernementale du Premier ministre. Sans surprise, les réactions des groupes parlementaires de l'opposition au bilan de l'action gouvernementale à mi-mandat de la législature actuelle ont été virulentes. Abbas El Fassi avait défendu, lundi 17 mai, le bilan de son gouvernement devant la Chambre des représentants puis mardi 18 mai devant la Chambre des conseillers, en présentant les diverses réalisations entreprises depuis 2007. Parmi les rangs de l'opposition, le groupe parlementaire du Parti Authenticité et Modernité (PAM) a été le premier à prendre la parole lors de la séance plénière de la Chambre des représentants consacrée à l'examen du bilan, tenue jeudi 20 mai. «La déclaration gouvernementale manque de vision prospective. Elle manque également d'une vision stratégique et de la solidarité qui devrait marquer, en permanence l'action du gouvernement», a estimé Ahmed Touhami, président du groupe parlementaire du PAM, cité par la MAP. Ce constat est dû, selon la même source, au «manque d'homogénéité politique du gouvernement qui est l'une des principales causes des dysfonctionnements relevés en matière de gouvernance et d'efficience». «Au bout de deux ans et demi, l'inexactitude des indicateurs sur lesquels le Premier ministre avait fondé son discours au début de son mandat est avérée, notamment la réalisation d'un taux de croissance de 6%, la création de plus de 250.000 postes d'emploi par an, la formation de 3.300 médecins par an à l'horizon 2020, la hausse du rythme de réalisation de logements économiques pour les porter à 150.000 unités/an, outre la construction de dix grands barrages et 60 moyens et petits à l'horizon 2010», a fait observer le président du groupe parlementaire du PAM. Après le PAM en cours de matinée, c'était le tour des islamistes jeudi après-midi. Le groupe parlementaire Justice et développement a souligné que le bilan du gouvernement dans le domaine «était en deçà des attentes». «Le bilan n'a pas été à la mesure des énormes défis auquels le Maroc devait faire face. Le Maroc doit faire preuve de compétitivité, en prévision du démantèlement des barrières douanières en 2012 pour être à la hauteur des attentes des citoyens et ne pas régresser dans le classement du développement humain et de la compétitivité commerciale et économique», a indiqué Abdellah Baha du groupe PJD, selon la MAP, ajoutant que «le gouvernement n'a pas honoré les engagements contenus dans sa Déclaration présentée en 2007, notamment sur le plan du développement». Vendredi 21 mai, les groupes parlementaires de la Chambre des conseillers ont pris le relais. Hakim Ben Chammach, président du groupe du PAM à la deuxième Chambre, a estimé que le gouvernement n'a pas honoré les engagements pris au début de son mandat. «Le bilan du mi-mandat du gouvernement n'évoque pas des statistiques et des indicateurs précis permettant de mesurer la portée des réalisations accomplies et des engagements pris à travers les différents programmes, ni le calendrier des objectifs tracés pour le restant du mandat et évite les véritables questions relatives au modèle de développement économique proposé par l'Exécutif», a-t-il souligné dans une déclaration relayée par la MAP. Pour leur part, les représentants des centrales syndicales n'ont pas manqué également de mettre en exergue leurs critiques du bilan présenté par Abbas El Fassi. «Les changements structurels de l'économie nationale se font toujours à un rythme lent», a estimé le groupe Union nationale du travail au Maroc (UNTM), selon la même source. Abdellah Attache, membre de ce groupe, a noté que «les données macro-économiques révèlent que la croissance au Maroc n'est pas liée à un plan de développement stratégique mais plutôt à des politiques et stratégies sectorielles dont la majorité commencent à démontrer leurs limites». Pour sa part, le groupe Union marocaine du travail (UMT) à la deuxième Chambre a affirmé que certains déficits marquent encore la situation sociale dans le pays en raison de la détérioration du pouvoir d'achat des salariés, la hausse des prix et la spéculation sur les produits de consommation. «La faiblesse de certaines prestations sociales, notamment dans le secteur de la santé en raison du non accompagnement des besoins nécessaires, outre la problématique de la qualité dans l'enseignement public. Contrairement à l'engagement du gouvernement à réduire à 7% le taux de chômage à l'horizon 2012, les chiffres du Haut commissariat au Plan (HCP) montrent que ce taux dépasse les 10%», a relevé Ahmed Behnis, du groupe UMT. «Le bilan de l'action gouvernementale n'a pas été fondé sur une vision structurelle d'un projet de développement intégral doté de ses propres plans et stratégies», a fait remarquer, de son côté, le groupe fédéral de l'Unité et de la démocratie. Abdelhamid Fatihi, président de ce groupe, a signalé que ce bilan a été dominé par «un excès d'optimisme et a omis d'aborder les points négatifs et les difficultés que connaissent certains programmes gouvernementaux». Demain après-midi, il est attendu que le Premier ministre présente ses réponses aux réactions des groupes parlementaires lors d'une séance plénière à la Chambre des représentants La majorité exprime sa satisfaction Lors des séances du Parlement consacrée au débat sur la déclaration gouvernementale présentée par le Premier ministre, les groupes parlementaires des partis de la majorité gouvernementale ont exprimé leur satisfaction quant aux réalisations du gouvernement. Le groupe istiqlalien pour l'Unité et l'égalitarisme à la Chambre des représentants a salué les réalisations «sans précédent» du gouvernement dans les domaines économique, financier et social. Dans une intervention citée par la MAP, Latifa Bennani Smires, présidente de ce groupe, a précisé que «la politique générale menée par le gouvernement durant les trois dernières années confirme ses tendances sociales et ses attentes à un développement global». Le groupe Socialiste à la Chambre des représentants a affirmé, selon la MAP, que la majorité a agi avec sagesse et rationalité face à la crise économique mondiale. Ahmed Zaidi, président de ce groupe, a rappelé, selon la même source, que «le monde a connu une conjoncture économique similaire aux grandes crises mondiales du siècle dernier, une conjoncture qui a dévasté plusieurs économies à travers le monde», ajoutant que «toute analyse qui se veut objective doit prendre en compte cette donne». Le groupe haraki à la Chambre des conseillers s'est félicité, quant à lui, des aspects positifs contenus dans la déclaration du Premier ministre, Abbas El Fassi, devant cette Chambre, relevant en même temps certaines limites de l'action gouvernementale. Pour sa part, le groupe du Rassemblement constitutionnel unifié à la deuxième Chambre a exprimé, selon la MAP, sa satisfaction des réalisations accomplies par le gouvernement qui se sont traduites par sa capacité à épargner au pays les effets de la crise mondiale.