52% des cas de violences sexuelles à l'égard des enfants sont commis par des proches, a indiqué Nouzha Skalli mercredi 19 mai à Rabat. L' approche judiciaire reste insuffisante face à la complexité de ce fléau. Au Maroc, 52% des cas de violences sexuelles à l'égard des enfants sont commis par des personnes censées garantir leur protection. C'est ce qu' a indiqué Nouzha Skalli, ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité le mercredi 19 mai répondant à une question orale du groupe Authenticité et Modernité à la Chambre des représentants. A noter que ces violences sexuelles peuvent être de natures diverses : harcèlement sexuel, viols, attouchements, inceste, pédopornographie, mutilations génitales, mariage précoce et/ou forcé, grossesses précoces, exploitation sexuelle commerciale. Ainsi selon la ministre, 42% de ces violences sexuelles sont commises par des proches de la famille ou des voisins, 8% par des parents et 2% par des éducateurs. Mme Skalli a révélé que 94 cas de violences sexuelles à l'égard des enfants ont été enregistrés en 2009 parmi les 493 cas de maltraitance des enfants, soit 19%. Ces chiffres restent bien évidemment en deça de la réalité, puisque «les violences sexuelles et physiques commises au sein de la famille ne sont presque jamais dénoncées. Celles commises par les employeurs, les éducateurs et les agents d'autorité non plus». C'est ce que souligne une étude réalisée en 2005 par le ministère de la Justice en partenariat avec l'UNICEF. Cette étude s'inscrit dans le cadre du volet «protection de l'enfance» du plan d'action pour un «Maroc digne de ses enfants» 2005-2015. Celle-ci dévoile que «bien que l'on ne dispose d'aucune étude d'incidence sur le Maroc, il semblerait que plus de 97% des sévices et actes de maltraitance soient commis en toute impunité. Les enfants, victimes de violence sexuelle, et notamment d'inceste, s'autocensurent car ils se sentent honteux et déshonorés». Ainsi l'approche judiciaire reste insuffisante. Selon Me Réda Oulamine, avocat, «l'approche judiciaire n'est pas suffisante à elle seule pour faire face au problème de la pédophilie. Il faut aussi qu'il y ait prévention. Dans ce sens, les enfants ayant des problèmes doivent bénéficier d'une assistance sociale». Et d'ajouter : «Il faut que dans les cas de pédophilie les juges soient sensibilisés à la faiblesse et au statut des enfants. Les services de police doivent également être formés à cela. Dans le même esprit, il ne faut pas seulement se limiter à infliger des peines aux auteurs des violences sexuelles, il faut aussi leur assurer un suivi médical et psychologique, car il s'agit de malades mentaux, sinon ils récidiveront». Selon Mme Skalli, la violence sexuelle est un phénomène, complexe et difficile à traiter au regard des «tabous» qui l'entourent et revêt différentes formes. Elle a précisé que ce phénomène touche toutes les catégories d'âge, soulignant que les enfants en situation difficile restent la catégorie la plus touchée par le phénomène notamment les jeunes travailleuses domestiques, les enfants au travail, les enfants abandonnés et les enfants internés dans des établissements. Par ailleurs, en dehors des associations de protection de l'enfance (voir entretien avec Najia Adib, présidente de l'association «Touche pas à mes enfants), les victimes ne savent pas à qui s'adresser ni comment faire cesser ces pratiques. La ministre du Développement social n'a pas manqué de préciser que son département a œuvré pour la mobilisation des partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux, les formations politiques et les associations de la société civile actives dans le domaine de l'enfance pour le lancement d'un programme d'action pour la protection de l'enfance particulièrement à Agadir et à Casablanca.