Abdelaziz Charkaoui expose ses récentes œuvres à la galerie Venise Cadre de Casablanca à partir du 15 avril et jusqu'au 10 mai. Des toiles où il livre la beauté et la vérité du Nord. Ils sont pensifs, solennels, lumineux dans leur authenticité, innocence et naïveté des personnages que peint Abdelaziz Charkaoui et qu'il expose à la galerie Venise Cadre de Casablanca à partir du 15 avril et jusqu'au 10 mai. Ces bonnes femmes, ces enfants, ces rares hommes sont issus tous de l'univers de l'enfance de l'artiste passée dans la nature pittoresque du douar Dar Chaoui entre Tétouan et Larache. Avec un réalisme impressionnant qu'il qualifie de «réalisme psychique», Abdelaziz Charkaoui invite le spectateur à sonder de près l'âme sereine de ces femmes du Nord vêtues de leurs habits traditionnels : «La discrète», «l'intrigante», celle au «regard limpide», celle dans «le dilemme», «l'oratrice», tous des titres de ses toiles. Dans des œuvres comme «Tu pars déjà», «J'ai voulu te dire», «Petites rumeurs », «Je n'ai pas oublié », «Veux-tu savoir», il immortalise des instants de la vie intérieure et sociale de ces femmes vivant dans une nature rocailleuse, imposante mais loin des tracas et de l'aliénation de la modernité et de la mondialisation. Dans l'arrière-plan de ses tableaux, on lit le psychisme des personnages qui se trouvent au premier plan. Il dit « chercher dans le réel de ces personnages la vérité. La lumière étant une vérité». Insistant sur le dessin, le contraste et le souci du détail, il peint avec rigueur et précision à la manière des grands classiques, ses maîtres, lui qui est autodidacte confie avoir tout fait pour percer le secret de ces derniers, pour maîtriser ce qu'il appelle le «métier» d'artiste-peintre. On imagine l'énorme effort de cet épris de nature, de cet observateur, peintre ethnologue devenu au fil du temps un peintre utopiste et nostalgique de l'enfance. On imagine sa concentration, son acharnement et le temps que lui demande une œuvre, ne voulant jamais céder à la facilité et à l'improvisation. On sent en scrutant ses fresques l'amour qu'il porte à sa région natale, doublé de l'amour qu'il porte à la peinture. Un amour qui transpire dans chaque geste de peindre, comme si chaque trait si éprouvant soit-il le ramenait un peu plus loin de ce monde de la modernité dont il refuse les valeurs. L'artiste vie dans une nostalgie, dans un déni, dans son classicisme. Selon le critique d'art Azzouz Tnifass, «Abdelaziz Charkaoui n'est pas un dernier orientaliste venant, dans son propre pays, ressasser l'envie d'une vie autre et aperçue loin. Il est intimement dans ce qu'il peint, et tente de capter le Nord, sa terre, comme un espace et un temps réel et mythologique, à la manière des classiques pour la Grèce des héros». Par ailleurs, «Cube de pierre bravant la pesanteur» l'une des toiles présentées dans cette exposition exprime le futur sujet de l'artiste qui entend s'attaquer un jour à cette modernité si déroutante. Abdelaziz Cherkaoui, né en 1963 à Larache, est un peintre figuratif dont les sujets de prédilection sont les hommes et les femmes du nord du Maroc, pris dans un quotidien que cet artiste réévalue et enchante par un traitement d'une grande exigence plastique. Il expose depuis 1986, au Maroc et en Europe. Il vit entre Paris, Rabat et Tétouan.