La visite du ministre iranien des Affaires étrangères en Algérie ressuscite les inquiétudes des observateurs à propos de l'ingérence de l'Iran dans l'affaire du Sahara et des ambitions nucléaires militaires d'Alger. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, est arrivé, mercredi 31 mars, à Alger pour une visite de deux jours. Au menu des discussions avec les hauts fonctionnaires algériens, divers sujets et à leur tête les derniers développements dans la région du Maghreb et le problème du Sahara marocain. L'agence de presse algérienne APS a indiqué que l'affaire du Sahara était à l'ordre du jour des entretiens entre le diplomate iranien et les dirigeants algériens. Selon l'APS, Manouchehr Mottaki est porteur d'une invitation adressée au président algérien, Abdelaziz Bouteflika, à participer au prochain sommet du G15. Une réunion qui aura lieu à la mi-mai à Téhéran. M. Mottaki a déclaré que l'Algérie est «un des pays importants du G15 qui a décidé de mettre en place des programmes pour renforcer la coopération entre eux». Le ministre iranien a qualifié, en outre, de «solides» les relations entre l'Algérie et l'Iran. D'ailleurs, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait effectué, les 6 et 7 août 2007, sa première visite d'Etat en Algérie. Pour sa part, le président algérien a rendu visite à Téhéran les 11 et 12 août 2008. Les observateurs de la scène maghrébine affirment à ALM qu'Alger tente de fléchir la position de l'Iran dans l'affaire du Sahara en faveur des séparatistes du Polisario. Ils mettent aussi en garde contre les ambitions nucléaires militaires d'Alger. «L'objectif du rapprochement actuel entre l'Iran et l'Algérie est très simple. L'Algérie veut faire des pressions sur la France et les Etats-Unis dans la question du Sahara. Chacun sait que la visite rendue par Manouchehr Mottaki en Iran est intervenue au lendemain d'une rencontre tenue entre le président français Nicolas Sarkozy et le président américain Barack Obama. A l'issue de cette rencontre, les deux présidents ont affirmé qu'il est temps de mettre fin aux ambitions nucléaires militaires. Bien évidemment, après la visite de Manouchehr Mottaki en Alger, la France et les USA vont appeler l'Algérie, d'une manière diplomatique, à baisser le degré de coopération avec l'Iran. C'est ainsi qu'Alger profitera de cette situation pour leur demander de faire des concessions dans l'affaire du Sahara en faveur des séparatistes soutenus par Alger», affirme Mohamed Réda Taoujni, président de l'Association le Sahara Marocain (ASM). Et d'ajouter qu'«entre l'Algérie et l'Iran il y a eu toujours une coopération dans le domaine nucléaire. Alger possède de nombreuses centrales nucléaires et a des ambitions nucléaires militaires. D'autant plus que l'Agence internationale de l'énergie nucléaire (AIEA) n'a jamais diligenté des enquêteurs internationaux pour connaître ce que l'Algérie fait de son programme». «A travers la visite du ministre iranien des Affaires étrangères à Alger, les dirigeants algériens ambitionnent de fléchir la position de l'Iran sur la question du Sahara», estime, pour sa part, le professeur universitaire Mustapha Naïmi. «Alger essayera surtout de convaincre l'Iran par des concessions et des contrats commerciaux concernant, par exemple, le gaz algérien. Toutefois, l'Iran va certainement continuer d'adopter une position vague à propos de la question du Sahara. Car il n'est pas de son intérêt de prôner les ambitions indépendantistes du Polisario, étant donné qu'elle a des problèmes internes à l'est avec les Kurdes. Il évitera, ainsi, de se contredire avec elle-même. Sinon, il me paraît opportun, aujourd'hui, que le Maroc tourne la page du différend avec l'Iran», a ajouté M. Naïmi. Mohamed Talib, secrétaire général de la Ligue des défenseurs sahraouis des droits de l'Homme, met en garde, quant à lui, contre le danger du programme nucléaire militaire algérien. «Chacun sait qu'il y a une coopération étroite entre Alger et l'Iran dans le domaine nucléaire. Les dirigeants algériens ne cachent pas leur volonté de développer un programme nucléaire militaire. L'AIEA doit assumer sa responsabilité dans ce cadre, en assurant un contrôle minutieux sur le programme algérien». «Certes l'Iran n'a jamais eu de position claire à propos de l'affaire du Sahara, mais ce pays n'est nullement le bienvenu dans ce dossier. Au lieu de s'ingérer dans le règlement des différends régionaux, l'Iran devrait s'occuper, au préalable, de régler son différend avec la communauté internationale à propos de son dossier nucléaire», indique-t-il.