C'est la peine infligée, jeudi soir, par la Cour d'assises de la Manche à Céline Lesage. Cette femme de 38 ans a tué ses six nouveau-nés entre 2000 et 2007. Céline Lesage était jugée pour meurtres aggravés : six nouveau-nés tués à Valognes, entre 2000 et 2007. Deux ont été étranglés, quatre ont été étouffés avant d'être placés dans des sacs poubelles. Selon le médecin légiste, deux nouveau-nés ne seraient morts que quelques heures plus tard. Jeudi, à Coutances, la Cour d'assises l'a condamnée à quinze ans de réclusion et à dix ans de suivi socio-judiciaire. Éric Bouillard, l'avocat général, avait requis seize ans de réclusion. Le procès n'a pas permis d'éclaircir ce point, pas plus que le « pourquoi » du passage à l'acte. «Je ne m'attendais pas à un grand déballage, poursuit l'avocat général. Elle n'est pas dans le déni de grossesse, mais dans le déni de culpabilité». Dans un courrier adressé à son père, l'accusée s'estimait «responsable, mais pas coupable». Selon elle, Pascal Catherine, le père des cinq premiers enfants, «n'a pas cherché à savoir». À la barre, il a nié avoir suspecté la présence de foetus cachés dans la cave, quand il vivait avec Céline Lesage. Rodolphe Costantino, l'avocat de l'association Enfance et partage, partie civile, a des mots plus durs : «Elle préparait son funeste projet grossesse après grossesse, tonne-t-il. Qu'elle pense que d'autres aient eu des responsabilités m'inquiète. L'enjeu de ce procès est qu'elle puisse porter la responsabilité entière de ce qu'elle a commis». Céline Lesage est aussi mère d'un garçon de 13 ans qui vivait en garde alternée depuis qu'elle s'était séparée de Pascal Catherine, en 2006. «On vous dit qu'elle est une tueuse en série, froide, calculatrice, s'insurge Véronique Carré, son avocate. Si c'était vrai, personne n'en aurait jamais rien su. Céline Lesage est une femme secrète, taiseuse, mais en souffrance». Vient le «pourquoi» du passage à l'acte. «Je ne le sais pas, et elle ne le sait pas. Il lui faudra une thérapie active. Quand elle dit «mes bébés», c'est un début. Pendant les quatre jours du procès, l'accusée a pleuré, peu parlé, enferrée dans son mutisme. Pourquoi a-t-elle fait «ça»? Elle n'en sait rien. Selon Jean-Luc Viaux, un psychologue spécialiste des infanticides, «elle ne changera pas toute seule. Elle risque d'effectuer sa peine sans comprendre».