Mohamed Benhamou estime que l'attitude des autorités algériennes ne sert nullement les intérêts des pays de la région. ALM : Comment analysez-vous l'attitude des autorités algériennes ? Mohamed Benhamou : Malheureusement, ce n'est pas la première fois que l'Algérie adopte cette politique d'exclusion et le choix de mettre le Maroc à l'écart des questions qui touchent la sécurité dans la région. L'été dernier, l'Algérie a délibérément exclu la participation du Maroc à la réunion de Tamenrasset qui devait se pencher sur les besoins et la stratégie à apporter en termes de coordination en vue de lancer des opérations contre la présence des groupes terroristes au Sahel. La réunion d'Alger a été ouverte à d'autres pays qui n'étaient pas présents lors de la réunion de Tamenrasset. Cette réunion est restée sur la même position, à savoir l'exclusion du Maroc. Je pense que c'est une constante chez nos voisins algériens. Tout ce qui peut nuire au Maroc est bon pour l'Algérie. Les Algériens veulent bénéficier de l'engagement militaire et sécuritaire des Américains dans la région et de l'appui de l'Union européenne en vue de rétablir la stabilité dans la région. Ils veulent montrer qu'ils sont les acteurs principaux dans la région. C'est une approche et une vision réductrice. Je ne pense pas que l'Algérie en adoptant des positions comme celle-ci puisse minimiser le rôle du Maroc. Le Maroc, par sa position stratégique, son rôle politique et économique dans la région, par ses capacités techniques, humaines et militaires et par ses relations bilatérales avec les pays de la région, ne peut pas être exclu. Je pense que cette tentative de mettre le Maroc hors contexte sahélo-saharien ne peut pas servir les causes pour lesquelles se sont réunis ces pays. La raison exige que l'Algérie cesse ses attitudes irresponsables et cette politique que ne sert pas les intérêts de l'ensemble des pays de la région. Quel impact pourrait avoir l'attitude des autorités algériennes sur les relations entre les deux pays ? Les relations entre les deux pays à cause de l'attitude des autorités algériennes sont déplorables. Elles ne peuvent pas connaître une situation pire. Nous sommes dans une région qui continue à gérer une culture de position qui appartient à une ère géopolitique révolue. L'absurdité de la fermeture des frontières est là pour témoigner de la nécessité pour l'Algérie de se tourner vers l'avenir et l'avenir se construit avec les voisins. Durant ces deux dernières décennies, l'Algérie n'a pas réussi à éradiquer le problème du terrorisme seule. Elle ne peut le faire qu'avec les autres Etats de la région. Comment encourager donc la coopération dans le domaine de la sécurité ? La coopération entre l'ensemble des pays de la région est une nécessité. Ce n'est pas un luxe vu la gravité des menaces dont souffre la région en matière de sécurité. Il faut construire un climat de confiance. Sans confiance, on ne peut pas apporter les réponses nécessaires aux enjeux sécuritaires dans la région.