La Fédération nationale de l'Industrie hôtelière (FNIH), a tenu, vendredi à Fès, les travaux de la réunion de son conseil d'administration. Son président, Abderrahim Oummani, en trace les grandes lignes. Entretien. ALM : Quels ont été les points fort de votre réunion du vendredi ? et quel bilan faites-vous de l'activité hôtelière en 2003 ? Abderrahim Oummani : Cette réunion a été consacrée premièrement à l'analyse de la situation du tourisme national à la lumière des résultats 2003. Et force est de constater que nous sommes loin des objectifs que nous nous étions tracés, à savoir 3.650.000 touristes étrangers. Au niveau national, et si l'on prend en considération l'année de référence, 2000, la baisse est remarquable, même si l'on s'acharne à toujours comparer les résultats d'une année par rapport à sa précédente. En 2003, les visiteurs étrangers n'ont pas dépassé 2.200.000. La conjoncture a certes été difficile, mais le constat du recul est là. Au niveau régional, certaines destinations ont accusé des baisses flagrantes. J'en prends pour exemple Agadir, dont la capacité d'hébergement a augmenté de 19,60%, avec un parc qui se chiffre à plus de 25.200 lits, contre un peu plus de 20.200 lits en 2000, mais qui a marqué en 2003 une baisse de 27% en nombres d'unités. Bien sûr que la ville a marqué une hausse de 4% par rapport à 2002, mais cette année n'est pas une année de référence. A qui incombe la responsabilité de cette baisse ? Il ne s'agit pas de faire porter la responsabilité à une partie ou une autre. La responsabilité est partagée. Mais encore faut-il avoir l'honnêteté intellectuelle de dresser les bilans qui s'imposent. Nous avons développé un complexe appelé 10 millions de touristes à l'horizon 2010. Le souci est désormais quantitatif et non pas qualitatif. Il faut fixer des objectifs non pas par rapport au nombre, mais par rapport aux recettes. Se focaliser sur les arrivées à n'importe quel prix reviendrait à nuire au secteur. Nous avons également constaté un phénomène de bradage des prix qui, à mon avis, est nocif pour l'industrie hôtelière. Si la loi sur la concurrence permet aux hôteliers, au même titre que tous les industriels, d'afficher leurs prix, il n'en demeure pas moins que certains établissements cassent ces prix à l'égard des tours opérateurs. C'est pour cela que nous avons demandé à ce que les commissions régionales de classement fixent le classement d'un hôtel donné en fonction du prix. Il est inconcevable qu'un hôtel 5 étoiles puisse pratiquer des prix d'un 3 étoiles. Et dans ce cas, il devra être considéré comme un 3 étoiles. Qu'en est-il de la promotion du tourisme marocain ? La promotion régionale que nous encourageons semble avoir été enclenchée. Mais, par marché, on semble avoir oublié que d'autres marchés à très fort potentiel existent. Il s'agit entre autres des marchés scandinave, bénéluxien de l'Europe de l'Est. Ce sont là des marchés qui peuvent absorber le déficit constaté au niveau du marché allemand. Ce dernier traverse une crise qui risque de s'inscrire dans la durée et qu'il va falloir palier en prospectant des marchés parallèles. Figurez-vous que les Français sont déjà en train de travailler sur le marché chinois. Ce dernier va produire, à l'horizon 2010, quelque 100 millions de touristes. Parallèlement aux marchés traditionnels de l'industrie hôtelière nationale, et qu'il faut entretenir, il serait judicieux d'en conquérir d'autres. Quels sont dans ce cas les principaux retards accusés par le secteur ? Les retards accusés sont, entre autres, liés à certains engagements pris par le gouvernement, mais qui n'ont pas été honorés. A commencer par la fiscalité locale, dont quatre taxes, sont censées être supprimées. Il n'en est toujours rien. Il en est de même de la facturation de l'eau. L'hôtellerie est une industrie à part entière. Or, la facturation de l'eau est identique à celle des ménages. Comment dans ce cas pourrait-on parler de mise à niveau du secteur et de sa compétitivité? Le retard en matière de paiement des créances, vu que le timing préconisé n'a pas été respecté, pèse également sur le secteur. Les chantiers relatifs à l'accord-cadre accusent également un retard certain. Autant des avancées réelles ont été réalisées, notamment en matière d'aménagement, autant d'autres sont toujours « en cours », alors qu'elles devaient être bouclées en mars 2001. Il s'agit notamment de l'observatoire du tourisme, de l'étude sur le rapport qualité/prix. Des chantiers nombreux donc. Mais par quoi devrait-on commencer ? Il faut repenser le management régional de notre hôtellerie. Une stratégie réelle s'impose en matière de promotion du tourisme. Si le ministère du Tourisme et l'Office national marocain du tourisme (ONMT) ont réussi le volet communication, il faut désormais passer à l'action. Mais avec le budget alloué à l'ONMT, ce ne sera pas pour demain. De même pour plusieurs chantiers, annoncés pour 2004, comme c'est le cas pour le transport aérien. Avec les présidents des associations régionales et les directeurs des groupes hôteliers, nous avons également débattu de la formation continue. Avec la convention que nous avons signée avec l'OFPPT, des opportunités sont accordées aux hôteliers pour améliorer la qualité de service. A commencer par le diagnostic, gratuit, qu'il peuvent établir de leurs personnels, et où l'Office intervient à hauteur de 70%. Dans certaines filières, cette participation est de l'ordre de 90%.