Ce n'est pas au conseiller de Sa Majesté le Roi que s'adresse ma présente lettre, cette fonction ô combien prestigieuse suffisait, à elle-même, à éviter que je me sente le devoir humain et moral d'écrire ces mots… C'est à l'homme que je voudrais –modestement- dédier ces lignes ! Ce Marocain, ce militant de l'entente entre les civilisations, cet inlassable combattant contre l'intolérance, la haine, le racisme, l'antisémitisme ; cet homme de culture et acteur des cultures… Ce n'est pas une statue que je suis en train d'ériger ici, tel n'est pas le propos –et d'ailleurs vous n'en avez nul besoin- non, ce que je voudrais tenter de faire ici, c'est en tant que Marocain né à l'étranger, (re) venu au pays, «Marcheur» de la Marche de l'égalité en 1983, fervent défenseur de la marocanité… que je voudrais le faire. J'imagine la blessure qui a dû être la vôtre, lorsque vous vous êtes entendu dire, vous Marocain vivant dans votre pays, terre de vos ancêtres, qu'il vous fallait partir! Lorsque vous vous êtes entendu intimer l'ordre de «quitter votre propre pays» ! et ceci par un autre Marocain !!! A quel degré d'intolérance sommes-nous arrivés dans notre pays, pourtant symbole d'ouverture, pour qu'un Marocain puisse en être arrivé à vouloir en chasser un autre de leur patrie commune. Monsieur Khalid Soufiani –lui aussi militant- qui a prononcé ces paroles, a-t-il mesuré à quel point il était en opposition avec les principes qu'il défend, en s'exprimant ainsi ? André Azoulay est un marocain –de confusion juive- or que je sache, et ceci de tout temps, être juif n'a jamais été un «bémol» à la marocanité mais bel et bien un synonyme d'égalité entre Marocains juifs et musulmans. Faut-il ici rappeler la position, ô combien juste et courageuse de Feu SM le Roi MohammedV ? Monsieur Azoulay –donc- a proposé que l'holocauste soit enseigné dans les universités marocaines… en quoi cela serait-il une prise de position sioniste ??? C'est, j'en suis persuadé, l'exact contraire ! Et tous les Marocains, animés d'un esprit de justice et d'humanité, peuvent reprendre à leur compte cette proposition. L'Université marocaine a la devoir «d'immuniser» nos jeunes générations ; d'ailleurs –avec beaucoup de pertinence- le Collectif Modernité et Démocratie, qui réagit dans un communiqué, demande que «l'histoire de la communauté juive marocaine soit introduite dans le cursus universitaire, en tant que composante indissociable de l'histoire du peuple marocain». André, permets-moi –pour terminer cette missive- de reprendre le tutoiement dans la «vraie vie», moi qui t'ai connu en France alors que les enfants d'immigrés maghrébins étaient victimes de racisme, de discrimination et que –déjà- la haine précédait la montée du Front National… et qui ai milité à tes côtés dans l'Association «Identité et Dialogue» dont tu es fondateur et qui militait pour le rapprochement entre Juifs et Musulmans ; permets-moi, disais-je, de dire à quel point cette indignité qui t'ai faite m'a blessé et a blessé tous les Marcains (es) épris d'humanité. Si le témoignage d'amitié, de respect et de dignité d'un Marocain –à ton égard- peut «effacer» l'injure qui t'a été faite par un autre Marocain. Alors le but de cette modeste lettre aura été atteint !