Les choses se calmeront-elles une fois les élections régionales passées (elles auront lieu les 14 et 21 mars)? On peut en douter, tant les questions liées à l'installation de l'Islam en France ne cessent, depuis au moins vingt ans, de tarauder la société française. C'est pourtant dans la perspective de ces élections que le ministre français «de l'Immigration et de l'Identité nationale», Monsieur Eric Besson (transfuge du Parti socialiste!), a lancé le «débat public» sur ce que c'est qu'être français aujourd'hui. Le besoin s'est fait sentir, en effet, de raviver la confiance dans le président Sarkozy des anciens électeurs du Front National de Monsieur Le Pen. A cela est venu s'ajouter le débat sur le port de la burqa et autres voiles, qu'a suscité dans la même période le député communiste André Gerin, ce qui a conduit au travail de toute une commission parlementaire sur le sujet. Dans les deux cas, la montagne a accouché d'une souris. Le débat sur l'identité nationale n'a pas suscité l'engouement des Français, préoccupés par nombre d'autres questions. Seuls les secteurs les plus xénophobes de la société ont trouvé là une occasion de déverser leur haine ou leurs peurs. Quant à la commission parlementaire, elle a fini par publier un rapport adopté seulement par six des membres... sur trente-deux, les autres ayant préféré, pour la plupart d'entre eux, s'abstenir de voter! A droite, en particulier, se sont opposés, sans pouvoir se mettre d'accord, ceux qui préconisent une loi contre le port du voile intégral, et ceux qui considèrent que légiférer serait plus dangereux que ne pas le faire. Mais on en s'aperçoit presque tous les jours: l'Islam obnubile les responsables politiques, les hauts fonctionnaires et, bien entendu, la presse. Et d'aucuns essayent de trouver leur intérêt en manipulant les peurs collectives. Un candidat sur les listes socialistes de la Région Rhône-Alpes, Toufik Chergui, vient, ainsi, de faire les frais de cette obsession. Proviseur-adjoint d'un lycée, élu municipal respecté et aimé, celui-ci est par ailleurs membre du Conseil régional du culte musulman (CRCM). Voici quelques jours, une «indiscrétion» publiée dans un grand quotidien national de droite, rapportait que le préfet de région, pas moins, avait alerté le ministre de l'Intérieur sur le fait que ce candidat était «membre de l'UOIF, Union des organisations islamiques de France, mouvance proche des Frères Musulmans». Un islamiste sur une liste PS! L'information était une manipulation. De qui? Le préfet a démenti y être pour quelque chose. Ce qui n'a pas empêché le président actuel du Conseil régional de Rhône-Alpes, le socialiste Jean-Jacques Queyranne, d'élever une solennelle protestation. Il y a seize mois, le même président avait déjà dû dénoncer une autre «initiative» : une enquête de la Direction centrale du renseignement intérieur sur les fonctionnaires musulmans du même Conseil régional. Là aussi, le préfet avait démenti une quelconque responsabilité. A droite et à gauche, on constate ainsi une permanente tentation d'instrumentaliser l'Islam et les musulmans qui sont en France. Tantôt on cherche à les séduire, tantôt on les diabolise. Jusqu'à quand?