Réda Benkhaldoun estime que les intervenants dans le secteur des médicaments sont appelés à prendre en considération le pouvoir d'achat des citoyens. ALM : L'AMIP affirme que les médicaments ne sont pas chers au Maroc. Qu'en pensez-vous ? Réda Benkhaldoun : L'étude de l'AMIP critique le travail de la Mission parlementaire en déclarant que nous n'avons pris en compte que 14 produits alors que le marché des médicaments en compte près de 4000. L'étude remet en question, en outre, la fiabilité de la comparaison établie avec des pays similaires telle que la Tunisie. Moi je dis que le rapport de la Mission d'information sur les médicaments est très bien fait. Ce rapport est le résultat d'un travail objectif. Ceci dit, il fallait s'attendre à une réaction de la part des industriels à partir du moment où le rapport de la Mission a pointé du doigt les deux parties. D'une part, le gouvernement qui doit revoir le mode de calcul du prix des médicaments. Et d'autre part, les industriels, en affirmant que les marges bénéficiaires des médicaments paraissent trop élevées. Soutenez-vous toujours la thèse de la cherté des prix des médicaments? Lors de l'élaboration de notre rapport, toutes les parties concernées par ce dossier nous ont affirmé qu'il y a une cherté des médicaments par rapport à des pays comparables au Maroc. Le gouvernement, les industriels, le ministère de la Santé et l'ensemble des intervenants dans le secteur des médicaments sont appelés à plus de coopération et à prendre en considération le pouvoir d'achat des citoyens. D'ailleurs, la ministre de la Santé avait affirmé, au lendemain de la publication de notre rapport, que les médicaments sont vraiment chers au Maroc. Elle avait promis officiellement, par ailleurs, une réduction importante des prix des médicaments, durant l'année en cours. On attend toujours. L'étude de l'AMIP remet en cause la comparaison avec le système tunisien. Que répondez-vous à cela? Quand la mission d'information a établi une comparaison avec le système tunisien, c'était pour mettre en exergue l'écart énorme des prix qui existe entre le Maroc et la Tunisie, où les produits pharmaceutiques sont subventionnés. Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur la cherté des médicaments, l'archaïsme de l'arsenal juridique et la faiblesse de la couverture médicale.