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Hallaj : du nom au corps
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 23 - 01 - 2004

“Evocation de Hallaj, martyr mystique de l'islam“ est le titre d'un livre qui vient de paraître aux éditions Marsam.Son auteur, Kébir M. Ammi, s'y lance dans une aventure périlleuse : donner un corps à un nom.
Donner un visage à un nom. Ainsi se résume l'entreprise de l'auteur du livre. Le nom auquel Kébir M. Ammi s'attache à donner un corps est sacerdotal, plein, si ample qu'il est difficile pour un homme de le porter. Quel corps peut s'élever assez haut pour attraper un souffle? Où peut loger le nom de Hallaj ? Le programme du livre est audacieux, mais cale constamment devant l'empire du nom. A peine Kébir M. Ammi ose-t-il approcher l'homme qui se cache derrière le nom qu'il achoppe sur l'aporie de l'incarnation patronymique. L'auteur cite constamment le nom de Hallaj comme une supplication pour pénétrer le mystère de l'homme. Puis, il cherche dans les propos de Hallaj une voie susceptible de le conduire vers la bouche qui les a prononcés, la main qui les a écrits. En insérant de nombreuses citations du martyr, l'auteur du livre fait découvrir à ceux qui ne la connaissaient pas une grande œuvre.
Une œuvre entièrement dédiée à l'amour de Dieu, à la fusion avec l'Aimé. “Ô Dieu, que le soleil soit à l'aurore ou au couchant, Ton amour adhère à mon souffle“.“Quand je voulais m'abreuver pour étancher ma soif, c'est Toi dont je voyais l'ombre dans la coupe“. Toujours dans le registre des noms : certains auteurs surréalistes s'amusaient à substituer le nom d'une femme à celui de Dieu. Rares étaient celles qui ne se brûlaient pas au feu de la déclaration…
Au reste, les nombreuses citations du livre sont intéressantes, en ceci qu'elles permettent de se saisir de la teneur poétique de l'œuvre de Hallaj.
Leur intérêt est rehaussé par la transcription en arabe des propos de Hallaj. Le livre est à cet égard écrit en français, avec l'adjonction aux citations du martyr soufi de leur version originale. On le nommait Hallaj à cause du vêtement de cardeur qu'il portait en toutes saisons. On le nommait ainsi, parce qu'il pénétrait dans la trame cachée de la conscience de ses auditeurs, dans leurs cœurs et qu'il le leur dévoilait. D'où l'appellation de “cardeur des consciences“ (Hallaj al-asrar).
Le sens du nom de Hallaj instruit sur le sort qui lui a été réservé. Hallaj a été exécuté à cause de l'empire que prenaient ses prêches auprès de ses interlocuteurs. Son influence était devenue considérable en Irak.
Deux mots ont été à l'origine de sa perte. Anodins en apparence, ils ont provoqué l'ire de ses contempteurs, parce qu'ils ont été prononcés dans la langue sacrée du Coran : ana-l-haqq (je suis la vérité). Le fou de Dieu est décapité à Bagdad pour avoir formulé une phrase qui ne peut appartenir qu'à celui auquel il s'est dévoué.
Autre nom auquel va se cramponner Kébir M. Ammi pour se rapprocher de Hallaj : son bourreau, Abû-l-Harîth. Hallaj est conduit vers un échafaud, dressé dans une place publique à Bagdad. Il subit un supplice innommable. Il reçoit entre 500 et 1.000 coups de fouet, est amputé des mains et des pieds, avant que sa tête ne soit tranchée. Le curieux, c'est que les commanditaires de la mort de Hallaj ont choisi de le crucifier. La crucifixion était rare du temps de Hallaj. Elle était réservée aux hommes indignes, aux moins que rien, aux rebuts de la société. La couverture du livre est ornée, à ce sujet, d'une scène de crucifixion, dont l'origine n'est pas mentionnée. Peut-être provient-elle d'une église orthodoxe ? Toujours est-il que la parenté entre le supplice de Hallaj et celui du Christ a nourri bien des imaginations. Le célèbre orientaliste Louis Massignon a donné un titre équivoque à son étude sur le martyr soufi : “La passion de Hallaj“.
Kébir M. Ammi s'est attaché, pour sa part, au programme de son livre. Il n'a pas désespéré de donner corps à un nom. Il y réussit avec plus ou moins de bonheur. Quelques détails biographiques relatifs à l'enfance et la vie de Hallaj sont cités.
“L'enfant n'a pas encore quatre ans qu'il connaît une grande partie du Coran“. “Sa famille, mazdéenne, vient d'Iran où il voit le jour en 244 de l'hégire“. Hallaj était marié et père de quatre enfants. Ces détails sont toutefois seulement des repères, et il leur manque le récit d'une tranche de vie, les menus faits de la vie quotidienne, l'anecdote pour qu'ils dotent le nom de Hallaj d'une densité corporelle. Kébir M. Ammi est un universitaire marocain qui enseigne à Paris et à San Francisco. Son écriture est lyrique, et les chercheurs durs trouveront quelquefois léger le ton qu'il emploie pour éclairer la vie et l'œuvre du mystique. Son livre présente toutefois de très nombreuses qualités. Son principal attrait réside dans le fait qu'il invite à aller plus en avant dans la découverte de l'œuvre de Hallaj. Kébir M. Ammi communique dans ce sens la passion du martyr.


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