Rachida Dati ne cache pas, même si elle le nie quand elle est acculée, que sa première hantise est de revenir briller en politique sur le plan national. Le chemin était bien tracé. Un plan média bien huilé. Rachida Dati, l'ex-icône de la diversité dans le gouvernement de Nicolas Sarkozy, organisait en douceur son retour en grâce, sa sortie du purgatoire avec une belle couverture du Figaro Magazine, journal connu pour sa parcimonie et ses choix orientés. Et alors que le monde de la presse et de la politique était en train de célébrer ce retour, de s'ébahir devant tant d'entêtement et de volonté, voilà que sort sur Internet une vidéo relatant une conversation téléphonique privée entre Rachida Dati et une de ses copines. L'ex-garde des Sceaux parlait devant un micro ouvert de l'équipe du reportage qui la suivait pour une émission de M6 «66 minutes». La confession telle que le verbatim la décrit provoque embarras et sarcasme : «Je n'en peux plus, je n'en peux plus ! Je pense qu'il va y avoir un drame avant que je finisse mon mandat .Je suis obligée de rester là, de faire la maligne, parce qu'il y a un peu de presse et, d'autre part, il y a l'élection de Barroso (…) Quand tu es à Strasbourg, on voit si tu votes ou pas. Sinon, ça veut dire que tu n'es pas là». L'échange fut cru. Relatant son calvaire avec des mots qui ne laissent aucune place au doute, Rachida Dati a confirmé tout ce qui s'écrivait sur son exil forcé lorsqu'un jour, gavé de ses caprices, Nicolas Sarkozy lui met ce marché entre les mains : une formule de divorce qui consistait à choisir entre une carrière de députée européenne ou le retour à l'anonymat. Il était clair que pour faire passer cette pilule amère, Nicolas Sarkozy a dû laisser la porte ouverte à d'autres développements au cas où la députée Dati remplit bien ses fonctions. A l'époque, l'opposition avait moqué un tel choix. Des quolibets de toutes parts ont fusé: Rachida Dati au Parlement européen ? Elle n'allait pas tenir dans ce lieu du travail austère. Elle allait briller par son absentéisme ou au pire, elle allait craquer. Celui qui avait lancé un pari national sur l'incapacité de Rachida Dati à tenir loin des caméras et de la lumière fut le Vert européen Daniel Cohn-Bendit. Et dès la diffusion de la fameuse conversation, il était le premier à s'en pourlécher les babines sur le thème : «Vous voyez j'avais raison de douter de la passion européenne de Rachida Dati». Pour se défendre, Rachida Dati s'est prise au journaliste qu'elle estime l'avoir trahie en diffusant une conversation d'ordre privé. Elle s'en prend aussi avec mots violents à Daniel Cohn-Bendit, doutant de sa productivité et de son engagement. Son seul fait de gloire était celui de monter sur une barricade, avait lancé Rachida Dati, blessée que la presse découvre un visage désavantageux pour une grande ambitieuse. Pour l'ex-garde des Sceaux, le Parlement européen n'est qu'une salle de transit. Elle ne cache pas, même si elle le nie quand elle est acculée, que sa première hantise est de revenir briller en politique sur le plan national. Son entourage lui attribue aussi une visée à la limite de l'obsession, sur la mairie de Paris lors des prochaines élections municipales. Longtemps, elle a été mise en concurrence directe sur cette ambition avec l'actuel Premier ministre François Fillon.