Deux amies intimes, âgées de quatorze ans, ont préféré mourir en se jetant du deuxième étage d'un immeuble à Rabat plutôt que d'être violées par un jeune taulard. Depuis leur enfance, Manal et Maroua sont amies. Les deux jeunes filles sont âgées de quatorze ans et poursuivent leurs études au même collège, à Rabat. Elles s'assoient à la même table en classe et partagent tout ensemble: leurs repas, rêves et même leurs souffrances. Bref, elles sont inséparables comme des jumelles qui partagent tant le bien que le mal. Nous sommes le jeudi 22 octobre, dans l'après-midi. Manal et Maroua croisent leurs regards avec Najia Adib, présidente de l'association «Touche pas à mes enfants» alors qu'elles sont allongées sur deux divans placés en perpendiculaire. L'une présente une fracture à l'épaule gauche et l'autre à la cheville du pied droit. Que font-elles toutes les deux, vu leur état de santé chacune d'elles devrait normalement être chez elle ? «Je ne peux pas rester chez moi sans Maroua...», a affirmé Manal à ALM avec le sourire aux lèvres. La présidente de l'association «Touche pas à mes enfants», Najia Adib, a été surprise de voir deux adolescentes soudées d'une pareille amitié au point qu'elles ne peuvent pas se séparer au moment où chacune d'elle a besoin de l'affection et de la chaleur familiale. «Chacune de nous a besoin de l'autre... Je suis certaine qu'il sera impossible de me rétablir si je ne suis pas à côté de mon amie Manal», confie Maroua à Najia Adib qui vient, au nom de l'association qu'elle préside, pour les soutenir. Pourquoi ? C'était mardi 20 octobre. Les deux collégiennes ont passé la matinée en classe. Vers midi, elles ont quitté leur collège. Toutes les deux ont décidé de prendre le déjeuner chez Maroua. Elles ont emprunté le chemin à destination de chez Maroua au boulevard Madagascar, à Rabat. Dans un appartement au deuxième étage, les deux filles sont rentrées. Maroua est allée à la cuisine pour préparer de quoi manger. Il n'y avait ni son père, ni sa mère. Ils étaient chez le chirurgien-dentiste. Vers 13 h, Maroua a entendu frapper à la porte. Peut-être, c'étaient ses parents. Elle a laissé seule son amie, Manal, à la cuisine pour aller voir qui frappait à la porte. En ouvrant, un jeune homme qui demeure près de chez elle lui a demandé un verre d'eau. Maroua est retournée à la cuisine et amené le verre d'eau au jeune homme. Celui-ci lui en a demandé un autre. Seulement, cette fois-ci quand elle est retournée à l'intérieur de la maison, le jeune est rentré et a fermé la porte derrière lui. Il a brandi un couteau. Quand Maroua a tenté de demander du secours, le jeune homme l'a menacée de la tuer. Aussitôt, Manal est sortie de la cuisine pour savoir ce qui se passait. Perplexe, elle n'a pu ajouter un pas en avant. Le ravisseur l'a obligée de s'approcher de lui et il les a conduites toutes les deux à la chambre à coucher. Avec une arme blanche à la main, il leur a ordonné de se dévêtir. Les deux adolescentes le suppliaient, lui faisaient le baise-main et le baise-pied pour qu'il y renonce. Etait-il sous l'effet de la drogue? Peut-être. Un instant plus tard, il s'est apprêté à abuser de l'une des deux filles. À ce moment, Maroua s'est précipitée vers la fenêtre et s'est jetée dans le vide. Les gens qui prenaient leur déjeuner dans un snack situé en bas de l'immeuble sont restés perplexes lorsqu'ils ont vu une fille tombée du haut de l'immeuble. Mais, ils sont restés bouches bées après avoir vu Manal qui s'est jetée à son tour. Une journée qu'ils ne sont pas prêts d'oublier. Heureusement, les deux collégiennes ont survécu avec des fractures. Le jeune homme, qui a été arrêté, est un repris de justice qui a purgé à trois reprises des peines d'emprisonnement pour viol.