Derb Soltane, Casablanca. Deux jeunes garçons séquestrent trois filles dont une mineure et les violent trois jours durant avant de prendre la poudre d'escampette. Un mois plus tard, ils sont arrêtés. Récit d'un fait divers qui a tendance à se banaliser. «Salut !». Hamid et Driss sont ébahis. Ils n'en croient pas leurs yeux. Ils échangent des regards, fixent leur ami Ahmed et les trois filles qui l'accompagnent. Hamid et Driss, dix-huit et vingt ans, étaient en ce vendredi 1er février, au seuil d'une maison qui donne sur le boulevard Mohammed VI, dans la préfecture de Derb Soltan-El Fida, à Casablanca. Ils s'enivraient depuis treize heures. «Driss, je veux te parler...» Driss se lève comme s'il n'avait pas bu la moindre goutte de vin, prend Ahmed à part. «Vous voulez prendre un verre avec nous, toi et les filles qui t'accompagnent ?» «Non, non, parmi ces trois belles filles, seule Salma est ma copine et je veux faire l'amour avec elle maintenant…». «Avec un grand plaisir mon ami…On peut boire un verre ensemble et tu pourras venir tranquillement chez moi avec ta copine». Ahmed appelle les trois filles. Hamid et Driss prennent leurs bouteilles de vin rouge. Ils se dirigent, tous les six, vers la chambre de Driss. Elle est située au premier étage d'une maison à Derb El Kébir, au quartier derb Soltane. Driss est un jeune bagarreur, qui ne craint personne et à qui personne ne peut chercher noise. Si quelqu'un s'avisait de le faire, c'est exactement comme si on jetait de l'huile sur le feu. Ses voisins, qui le craignent, n'osent pas s'adresser à la police pour dénoncer ses agissements. Ils entrent dans la chambre. Driss ferme la porte, commence à s'enivrer avec Ahmed et Hamid, converse avec l'une des trois filles. Celle-ci lui explique qu'elle habite avec ses amies dans l'ancienne Médina, que Salma est la copine d'Ahmed, et que elle et son amie, âgée de quinze ans, l'ont accompagnée. Driss se lève, appelle Ahmed, lui donne quelques dirhams, et lui demande d'aller leur acheter des sandwichs. Ahmed sort. Il revient quelques minutes plus tard, frappe la porte, appelle Driss, lui demande de lui ouvrir, crie. Mais personne ne lui répond. Quelques secondes plus tard, Driss rouvre la porte, et frappe Ahmed avec une bouteille. Ce dernier retourne chez lui, laissant derrière lui les trois filles. «Soyez les bienvenues, mes chéries !» Les trois filles sanglotent. Driss gifle l'une d'elles, leur demandant de se taire: «Si vous ne taisez pas, je vais vous poignarder l'une après l'autre !». Les trois filles se taisent, seules leurs larmes coulent en cascade. Les heures passent et Driss, le maître des lieux, et Hamid les séquestrent sans leur faire quoi que ce soit. L'une d'elles supplie Driss de les relâcher : «Nos mères ne sont pas au courant qu'on a accompagné quelqu'un… On a dit à nos parents qu'on allait seulement faire un tour au centre ville...». «Ferme ta g…, sale p… !», aboie Driss. «Allez, déshabillez-vous !», leur intime Hamid. Les trois filles enlèvent leurs vêtements. Hamid et Driss violent les deux majeures, durant toute la nuit. La mineure est restée nue devant leurs yeux.. Et tétanisées, aucune des trois filles n'a osé pleurer, ni demander à partir. Le lendemain, l'une des trois filles s'adresse à Driss, lui demande de les laisser partir. «Tu partiras, lorsque, moi, je le voudrai. Alors, va à ta place et reste nue !» Lundi 4 février, quelqu'un avise la police. Les limiers de la police judiciaire de derb Soltane-El Fida se dépêchent sur les lieux, interviennent. Seulement, les deux malfrats prennent la poudre d'escampette en s'échappant par les toits. Les filles sont libérées et ont été remises à leurs parents. Mercredi 20 février, les deux voyous errent dans l'ancienne Médina, s'arrêtent devant une voiture en stationnement. Ils en ouvrent la portière à l'aide d'un tournevis, puis s'en emparent pour la conduire jusque dans les environs de l'hôpital Sidi Soufi, avant de l'abandonner. Le même jour, ils agressent un passant en le menaçant avec un coutelas. Ils lui ont subtilisé deux cents dirhams. Vendredi 1er mars. Driss et Hamid retournent dans la chambre de Derb Kebir. La police est alertée. Elle se dépêche sur les lieux, les encercle. Le duo escalade une fois encore les murs des terrasses. Mais la police de Derb Soltan-El Fida ne s'est pas laissée avoir une deuxième fois et cette fois-ci elle a arrêté les deux criminels, qui attendent d'être déférés devant la justice.