Il est toujours intéressant pour les lecteurs de la presse de pouvoir connaître la teneur des discussions qui ont lieu en tête-à-tête entre chefs d'Etat. C'est une chose qui intrigue beaucoup de monde. Et c'est pour cette raison que les informations émanant des coulisses de ce genre de rencontres sont un produit très recherché par les médias. Mais, parfois, la recherche de telles informations peut faire découvrir aux journalistes, eux-mêmes, des choses pas gratifiantes du tout sur l'image qu'ils suscitent chez les politiques. Une image parfois choquante. C'est ce qui est arrivé lors de la rencontre, la semaine dernière, entre le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero et son homologue italien, Silvio Berlusconi. Ce dernier, comme il en a l'habitude, a tenu à emmener son invité espagnol à la très polémique «Villa Certosa», une résidence privée du chef du gouvernement italien devenue célèbre suite à la publication par la presse de photos compromettantes de M. Berlusconi avec des Escort girls. «Le mythe des progressistes légitime Villa Certosa», titrait à la Une le quotidien italien Il Giornale au lendemain de la visite. Outre la polémique provoquée par le fait qu'un leader socialiste comme Zapatero ait accepté de se rendre dans un lieu aussi controversé, la visite a été l'occasion d'une autre révélation. En sortant du siège de la présidence du gouvernement italien pour se diriger à la villa privée de M. Berlusconi, ce dernier se permettra de révéler le fond de sa pensée sur la presse à son homologue espagnol. En indiquant un groupe de cameramen et de photographes, il lui dira : «tu vois, ceux-là sont la bonne partie de la presse car ce sont des télévisions et, donc, ils ne changent pas les mots. Et les photographes ne changent pas les images. Quant aux journalistes, les méchants, nous allons les voir ce soir». Cette phrase rapportée par les médias italiens a suscité une vraie polémique dans un pays où la majorité des médias sont la propriété de M. Berlusconi lui-même. Des blogs ont, même, été créés pour permettre de débattre sur la question suivante : «Y a-t-il des raisons pour penser que les journalistes de la radio et de la télévision sont plus complaisants, et que ceux de la presse écrite sont plus durs ?». Débat à suivre.