À l'occasion de la tenue de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, en octobre prochain, Mouammar Kadhafi va, pour la première fois, fouler le sol américain. Le leader libyen Mouammar Kadhafi va pour la première fois fouler le sol américain en octobre prochain, à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations Unies. Avec un casse-tête diplomatique à la clé sur son lieu de résidence, après la libération compassionnelle très controversée du seul condamné libyen dans l'attentat de Lockerbie. Cette visite interviendra quelques semaines seulement après le retour en Libye d'Abdelbaset Ali Al-Megrahi, libéré jeudi dernier, de sa prison écossaise pour des raisons de santé. Le 21 décembre 1988, un Boeing 747 de la PanAm explosait au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie, faisant 270 morts, des Américains pour la plupart. Et déjà des habitants mais aussi des personnalités politiques d'Englewood, donnent de la voix pour faire savoir que Kadhafi ne sera pas le bienvenu. C'est en effet dans cette banlieue cossue du New Jersey, située à une vingtaine de kilomètres au nord de New York, et dont 15% des 28.000 habitants sont juifs, que le colonel envisage peut-être d'installer sa tente sur une propriété appartenant à l'état libyen. Or, sur les 270 personnes tuées à bord du vol 103 de la PanAm 33 étaient originaires du New Jersey. «Kadhafi est un dangereux dictateur dont les mains sont couvertes de sang d'Américains et de nos alliés», a souligné le représentant démocrate du New Jersey Steve Rothman dont la circonscription inclut Englewood. Il a promis qu'il «y aura un prix fort à payer si le département d'état violait l'accord interdisant à Kadhafi, de séjourner dans la propriété libyenne». Le sénateur démocrate du New Jersey Frank Lautenberg va plus loin et demande au département d'état de strictement limiter les déplacements de Kadhafi, aux états-Unis, au district new-yorkais abritant le siège de l'ONU. Au département d'Etat, on insiste sur le fait que rien n'est encore décidé, Englewood n'étant qu'une des options étudiées par les Libyens après que les autorités américaines ont rejeté pour des raisons évidentes de sécurité la demande libyenne d'installer la tente de Kadhafi au Central Park. Rothman était maire d'Englewood, il y a 26 ans, quand la ville que la Mission libyenne aux Nations unies avait acheté une propriété située sur Palisade Avenue. Les autorités locales étaient alors parvenues à un accord avec le département d'état pour limiter l'utilisation de cette demeure aux activités récréatives de l'ambassadeur libyen et de sa famille. Kadhafi était interdit de séjour, a souligné Rothman qui ajoute que, selon cet accord, les Libyens sont exemptés de taxe sur cette propriété. Le maire actuel, Michael Wildes, déclare de son côté qu'il serait très déçu par un éventuel séjour du leader libyen. La présence de Kadhafi à l'Assemblée générale des Nations Unies est le point culminant d'une année d'efforts pour réhabiliter l'image internationale de l'homme fort de Tripoli, qui a notamment pris ses distances avec le terrorisme et les armes de destruction massive. Kadhafi est à la tête de la Libye depuis 1969. Victor Epstein (AP)