Depuis deux mois, la fameuse négociation pour l'échange de prisonniers entre le Hizbollah et le chef du gouvernement israélien est oubliée. Les deux parties qui multipliaient des fuites étonnantes et des déclarations publiques comme celles de Nassrallah, sont soumises au silence. Le projet d'accord a été bloqué par la réclamation, en dernière minute, d'une libération de Samir Kuntar, jugé par les Israéliens pour son attentat à Naharia (ville côtière au Nord d'Israël). Il semble donc, que l'on soit loin de pouvoir arriver à une formule de compromis qui aurait permis un retour à l'accord négocié par des intermédiaires allemands. Les familles des hommes du Hizbollah, accompagnés de prisonniers libanais ou palestiniens, marquent, donc leur frustration. Celui qui serait le plus frustré, écrivent certains journalistes palestiniens ou le journaliste du quotidien Haaretz Amos Harel, demeure, sans conteste, le plus gradé des prisonniers palestiniens : le dirigeant du Fatah de Cisjordanie et chef des combattants du Tanzim, Marwan Barghouti. Toutes ces indiscrétions indiquent : « le Président Yasser Arafat aurait tout fait pour saborder l'éventuelle inclusion de Marwan Barghouti, dans la liste des prisonniers libérables. Pourtant Israël avait fait connaître, sans cesse, son opposition à une telle libération. D'autre part, certains journalistes vont jusqu'à ajouter, le Président Arafat n'étant pas convaincu de la seule opposition israélienne, avait fait parvenir un message au Hizbollah, pour lui demander de ne pas inclure Barghouti, dans ses propres exigences». Pour revenir aux négociations du Hizbollah concernant l'échange de prisonniers, la presse spécialisée relève : « pour tenter de contourner l'obstacle de Samir Kuntar, le mouvement libanais avait essayé, par l'intermédiaire des Allemands, de changer les critères établis pour la libération des prisonniers palestiniens, afin d'y inclure les « grands noms » de personnes célèbres. Cependant, Israël avait déjà refusé cette demande aux intermédiaires allemands dès le début de la négociation. La tension Arafat-Barghouti, - chef du Fatah en Cisjordanie, créateur des groupes armés du Tanzim et, incontestablement, un candidat sérieux à la succession du Président de l'Autorité palestinienne -, n'est pas le seul signe des luttes entre les membres, « anciens de Tunis et ceux de l'Intérieur » au sein de la direction du Fatah. Une certaine presse donne l'exemple de la situation à Naplouse qui serait considérée comme « anarchique » depuis l'assassinat du frère du maire de la ville historique, Rassan Shakaa. Les luttes fratricides se développaient en attribuant l'assassinat aux hommes de Nasser Jouma, un des chefs les plus importants des combattants du Tanzim. D'autre part, le représentant du camp des réfugiés de Balata au Parlement palestinien, Houssa Hader, est arrêté en septembre dernier par les Israéliens pour avoir envoyé des fonds destinés aux « activistes du Fatah » à Naplouse. Hader, tout en niant les accusations, se définit comme « prisonnier politique » dénoncé par ses ennemis, et en particulier le militant Amir Souama. Au-delà des controverses internes, le Président Arafat et ses proches sont, en particulier, préoccupés par la situation financière de l'Autorité palestinienne. Ils n'auraient pas, à ce jour, réussi à mobiliser tous les fonds nécessaires au paiement des salaires des fonctionnaires et des agents de sécurité pour ce mois de janvier. Cela n'a pas empêché le cabinet du Président Arafat de transférer, - selon les journalistes spécialistes des relations avec le Hizbollah – des milliers de dollars aux chefs des cellules considérées comme rebelles « pour éviter leur passage sous l'influence du Hizbollah ». Ces virements auraient été faits dès les mois d'octobre et novembre derniers ». Plus grave encore, la même presse très spécialisée, palestinienne ou israélienne avait rapporté avec force détails, sans confirmation officielle, la position du Premier ministre Ahmed Qoreï concernant la solution d'un seul Etat « binational ». Contre celle proclamée sans changement, proclamée par le Président Yasser Arafat qui confirme sa volonté et celle de l'Autorité palestinienne de déclarer un Etat palestinien, dans les frontières de 1967 avec Al Qods comme capitale. • Par Robert Assaraf