La jeune universitaire française Clotilde Reiss vient d'être libérée sous caution. Pour sa part, Nicolas Sarkozy a accordé un grand intérêt à cette affaire. En pleine torpeur estivale, Nicolas Sarkozy, de son lieu de vacances où il récupère de ses récents ennuis de santé sous l'œil forcément protecteur de Carla Bruni, peut se frotter les mains de plaisir et bomber le torse de fierté. Clotilde Reiss, la jeune universitaire française retenue dans les prisons iraniennes sous la lourde accusation d'espionnage et d'agitations anti Ahmadinejad, vient d'être libérée sous caution. Clotilde Reiss était devenue le symbole français de la crispation jusqu'à la rupture des relations entre Paris et Téhéran déjà entamées par de lourds contentieux politiques. Depuis son arrestation, Nicolas Sarkozy n'avait pas cessé d'exiger sa libération et de promettre de tout mettre en œuvre pour y parvenir. En bon animal politique, il avait flairé la valeur hautement magnétique d'une telle affaire. Le procès largement médiatisé que les autorités iraniennes avaient organisé pour juger les étrangers arrêtés lors de ces rafles post-électorale a octroyé à la personnalité de Clotilde Reiss une résonance et une réverbération toute particulière. La voilà, sous un foulard imposé, devenue brusquement une icône de ce vaste bras de fer que livre le nouveau président iranien mal élu à la communauté internationale qui doute bruyamment de la légitimité de sa reconduction. Tout au long de cette crise à rebondissement, Nicolas Sarkozy donnait l'impression de faire de la libération de Clotilde Reiss une affaire personnelle. Durant ses interventions sur le sujet, le président de la République avait retrouvé des intonations de voix et des accents reconnaissables. Comme lorsqu'il avait tenté au début de son mandat de faire libérer les infirmières bulgares et le médecin palestinien des griffes du président libyen Mouammar Kadhafi, ou lorsqu'il cherchait à sortir la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt de la jungle des FARC ou enfin lorsqu'il avait tenté, sans succès, de sortir la Française Florence Cassez des prisons mexicaines. La valeur ajoutée de Clotilde Reiss est que son arrestation, son jugement et son emprisonnement intervenaient dans un contexte explosif qui voit l'aile dure du régime iranienne obligée de raidir davantage son approche alors qu'elle constate que l'élection de son poulain, Mahmoud Ahmadinejad est violemment et durablement contestée par des réformistes soupçonnés de recevoir des aides directes de l'étranger. Dès l'annonce de la libération sous caution de Clotilde Reiss, l'Elysée s'est empressé de capitaliser l'heureux événement. Selon un communiqué de la présidence qu'on devine rédigé fiévreusement au son des tambours de la victoire, Nicolas Sarkozy avait parlé à Clotilde Reiss au téléphone et «lui a exprimé sa joie et son plein soutien ainsi que celui de tous les Français, qui ont suivi avec inquiétude son arrestation et la procédure judiciaire à laquelle elle est soumise. Il a relevé la dignité et le courage avec lesquels Clotilde Reiss a affronté cette épreuve». Au lendemain de cette libération sous caution, trois grandes interrogations préoccupent la presse française : la première : Quel est le montant de la caution payée par l'Etat français pour obtenir cette libération? Certains avancent la somme astronomique pour un procès à forte connotation politique de 500.000 euros. Les sommes citées accréditent l'idée d'une opération de chantage crapuleux à laquelle les autorités iraniennes se seraient livrées. La seconde interrogation n'est pas moins urgente ; quand Clotilde Reiss pourra-t-elle fouler le sol français? Actuellement, elle est hébergée, sous contrôle judiciaire, dans l'ambassade de France à Téhéran. La troisième interrogation a un lien avec les réseaux régionaux que Paris a fait intervenir auprès des mollahs pour obtenir ce qui s'apparente à une clémence de la part du tribunal comparée aux violentes diatribes du début de cette crise. Nicolas Sarkozy aurait fait appel au président syrien Bachar El Assad connu pour entretenir des relations vitales et stratégiques avec les Iraniens. L'orientation heureuse que prend le dénouement de cette affaire est à mettre aussi au crédit d'une diplomatie parallèle dans laquelle les Syriens auront joué un rôle non négligeable et aux conséquences politiques inévitables.