On dirait que nos politiques sont amoureux de la presse étrangère à laquelle ils accordent la primeur, voire les secrets des dieux. Comme ce haut cadre qualifié par l'agence Reuters de source gouvernementale qui se confesse dans l'anonymat. On dirait que nos politiques sont amoureux de la presse étrangère à laquelle ils accordent la primeur, voire les secrets des dieux. Comme ce haut cadre qualifié par l'agence Reuters de source gouvernementale qui se confesse dans l'anonymat. Il n'est pas le premier et son délit de révéler le déficit réel du budget national à une agence de presse étrangère n'en est pas un face aux confidences d'autres informateurs malveillants envers leur pays. D'autant plus que la différence entre le déficit réel et le déficit apparent n'est aucunement ignorée des milieux d'affaires, qui sont au fait de la vérité des chiffres de notre économie. Autant dire que le gouvernement, et notamment le ministère des Finances, n'avaient pas à masquer les mauvais chiffres facilement repérables par les analystes financiers. Autant dire que l'orthodoxie budgétaire de Oualalou ne tient plus qu'aux recettes exceptionnelles pour tanguer avec les équilibres fondamentaux. Sans les recettes de privatisation et le Fonds Hassan II, le déficit budgétaire aurait largement dépassé les 3% du PIB. L'information donnée par l'agence Reuters, qui estime que le déficit varie entre 5,3 et 5,9%, est ainsi établie hors les recettes exceptionnelles précitées. Il n'y a rien de sorcier dans tout cela, sauf que le ministère de tutelle s'est habitué à ne donner que des bonnes nouvelles et à masquer les mauvaises. La politique de la vie en rose, qui défie la réalité d'un océan de l'épine et de la misère semble avoir de beaux jours devant elle, malgré le 16 mai et les colis piégés. Ceci étant, le ministre Oualalou, qui brille par une discrétion gênante, semble ne plus adhérer aux thèses contraignantes de la Banque mondiale et du FMI. Soit que l'exercice du pouvoir ait changé les convictions du député, soit qu'il ait été contraint par des dépenses prioritairement politiques à se dissocier de l'orthodoxie financière. Dans les deux de cas de figure, son camarade de parti et non moins rival, Habib El Malki, devrait jubiler à l'idée que son approche du déficit soit devenue la plus prédominante. Mais il ne faut pas oublier que les deux approches de maîtrise de déficit ou son extension ont toutes deux des effets pervers sur l'économie. Si l'austérité économique, appliquée avec vigueur depuis les années quatre-vingt, à réussi à maintenir les fondamentaux comme l'inflation et le déficit, il n'en demeure pas moins qu'elle a eu des effets pervers sur l'investissement et l'emploi, sources de tous les maux d'une société au bord de l'explosion. L'endettement extérieur a peut-être sauvé le Maroc d'une crise cardiaque, mais elle a enfoncé des pans de la société dans le gouffre de la misère et de la délinquance islamiste ou autre. Les adeptes d'un déficit plus flexible argumentent leur choix par la nécessité pour le Maroc d'adopter un plan Marshall pour sortir de l'ornière du marasme économique. Ils donnent pour exemples la France et l'Allemagne, qui ont violé le pacte de stabilité de l'UE pour relancer leurs croissances respectives. Il en est de même pour les Etats-Unis, qui font fi de tous les déficits pour encourager l'emploi et l'investissement. Encore faut-il, estiment certains analystes marocains, que ce dépassement budgétaire soit consacré à des gros chantiers générateurs d'un grand nombre d'emplois et non pas dans des dépenses de fonctionnement à connotation politique...