Elle rêvait d'épouser Samir. Par contre, celui-ci n'avait l'intention que de passer, contre son gré, quelques moments avec elle. Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel d'El Jadida. Samir est au box des accusés. Accusé de viol, il clame son innocence depuis le début de l'examen de son affaire. «Je ne l'ai pas violée, M. le président...», se disculpe-t-il. Samir, la trentaine, employé de son état, n'a jamais pensé être traduit devant la justice. Un jeune tranquille, calme et sans problèmes, il ne consomme ni haschich, ni comprimés psychotropes. A-t-il raison ou tort quand il s'est innocenté? «Non, M. le président, c'est lui qui m'a violée. Je n'ai aucune raison pour l'accuser gratuitement», a répliqué la jeune fille, Malika, qui s'est présentée comme victime. Âgée de vingt-huit ans, Malika n'a jamais imaginé que ce jeune homme qu'elle respectait et appréciait, allait lui faire du mal, avait-elle affirmé aux enquêteurs de la police judiciaire comme consigné dans le procès-verbal. Certes, a-t-elle ajouté, elle a pensé qu'il avait de bonnes raisons pour la solliciter à entretenir avec lui une relation amoureuse. «J'ai pensé qu'il avait l'intention de se marier avec moi», a-t-elle expliqué à la Cour. Selon toujours ses déclarations devant les enquêteurs de la police judiciaire, Samir demeure non loin de chez elle et la croisait de temps en temps quand elle sortait faire des courses ou faire un tour en compagnie de sa mère ou une amie. Elle était fascinée par ses regards au point qu'elle n'a pas hésité de lui répondre quand il lui a exprimé ses bons sentiments. «Il jouit d'une bonne réputation, M. le président. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas hésité à lui parler quand il me l'a demandé», a-t-elle affirmé à la Cour. Tous deux ont commencé à sortir ensemble et à passer de bons moments dans un café de la ville. «Il ne m'a jamais rien demandé», a-t-elle précisé. Jusqu'au jour où il l'a conduite à bord de son vélomoteur quelques kilomètres en dehors de la ville. «C'est vrai, M. le président, je lui ai demandé d'aller en dehors de la ville pour profiter de la nature. Elle a accepté », a affirmé Samir. Selon les déclarations de Malika consignées dans le procès-verbal, quand ils sont arrivés ensemble à une forêt, Samir lui a demandé de l'accompagner plus loin des regards. Elle ne pouvait pas refuser. D'abord, parce qu'elle a confiance en lui et ensuite parce qu'il y avait d'autres couples sur les lieux. Seulement, chacun d'eux se trouvait loin de l'autre. «Il m'a emmenée un peu plus loin des autres couples et il m'a obligée d'enlever ma djellaba. Et il m'a violée», a-t-elle précisé devant la Cour les larmes aux yeux. Samir n'a pas nié avoir fait l'amour en plein air. «Mais de son plein gré, M. le président», a-t-il affirmé. Cette réponse n'a pas convaincu la Cour qui l'a condamné à deux ans de prison ferme.