Transparency International a récemment dévoilé les résultats d'une enquête menée dans sept pays africains. Concernant la violence pratiquée par les enseignants, le Maroc occupe la première position avec un taux de 9,2%. Seulement 7% des directeurs d'écoles primaires, au Maroc et au Niger, connaissent les budgets approuvés par leur école, contre 15% au Sénégal. Ces chiffres ont été dévoilés par Stéphane Stassen, membre du Département Afrique et Moyen- Orient à Transparency International, lors d'un séminaire régional, tenu récemment à Rabat. Lors de ce séminaire, organisé par Transparency Maroc et Transparency International, M. Stassen a présenté le projet «Africa Education Watch» réalisé par Transparency International. Ce projet a concerné sept pays africains: Ghana, Madagascar, Maroc, Niger, Ouganda, Sénégal et Sierra Leone. Il s'assigne pour objectifs d'évaluer le système de financement, de gestion, de corruption et de gouvernance dans les écoles. Ce rapport met en exergue les abus de pouvoir dans l'enseignement. S'agissant de la violence pratiquée par les enseignants, le Maroc arrive en première position en compagnie du Sénégal avec un taux de 9,2%. Autre phénomène signalé par le rapport, l'absentéisme des enseignants. C'est au Sénégal que plus d'un tiers de ménages se plaignent de ce phénomène. Le Maroc occupe la deuxième position avec 20,5%, suivi du Niger (15,4%) et du Ghana (12,5%). Par ailleurs, plus de 23% des ménages, à Madagascar, déclarent avoir dû payer des frais d'inscription, tandis que ceux-ci sont gratuits depuis 2005. De même, 11% des ménages, au Niger, affirment avoir payé ces frais. En Sierra Leone, 20% paient les frais d'examen officiellement annulés. Par ailleurs, le tutorat privé «forcé» constitue également une forme de coût dissimulé de l'éducation. Par là, il peut être assimilé à une pratique corruptive. 47% des ménages au Ghana et 25% en Ouganda recourent à cette pratique. Concernant le détournement de fonds dus aux écoles, les directeurs d'école ne cessent d'exprimer leurs inquiétudes à cet égard, notamment au Ghana et au Niger. Les présidents d'associations de parents d'élèves, quant à eux, partagent le même sentiment. Leur taux est estimé à plus d'un quart au Sénégal. En outre, plus de 60% de directeurs d'établissement au Sierra Leone et de 50% au Sénégal ont préféré ne pas répondre à la question relative au détournement de fonds. Cette enquête a touché une soixantaine d'écoles et un millier de parents par pays. Il en ressort qu'un grand nombre d'écoles ne tiennent pas de comptabilité de leurs recettes et dépenses. Au Niger, aucune école visitée n'avait une comptabilité claire et adéquate. En moyenne sur les sept pays, plus de la moitié des écoles ont une comptabilité qualifiée de problématique ou d'inexistante. En outre, M. Stassen a rappelé le rôle et le fonctionnement de structures locales. A cet égard, il a estimé que: «Les performances des structures locales de gouvernance sont décevantes». A l'issue de ces constats, M. Stassen a proposé des recommandations dans le cadre de la campagne de plaidoyer autour de la gestion. Ainsi, il a mis l'accent sur la nécessité de clarification des responsabilités et des rôles des différents intervenants. De même, la comptabilité scolaire doit faire l'objet de réglementations et de contrôle. Une formation en gestion s'avère nécessaire. Une campagne de sensibilisation auprès des parents doit aussi être menée. Il a également mis en lumière le rôle des médias pouvant contribuer à combler le «fossé de l'information».