Le président de «la ville autonome» de Mellilia n'arrête pas de se plaindre de ce qu'il qualifie de manque de coopération de la part du Maroc pour laisser prospérer l'économie de la ville. Juan José Imbroda, dirigeant du Parti populaire (PP) de la ville occupée, formule à l'égard du Maroc une accusation insolite. «Le Royaume alaouite n'a jamais voulu accepter les projets proposés par Mellilia avec des fonds européens pour le développement de la région du Nord du Maroc», se plaint M. Imbroda lors d'une interview diffusée, mardi, sur les ondes de la radio nationale espagnole. Le président de Mellilia ne s'est pas uniquement plaint du Maroc. Il a également fustigé le Parti socialiste et le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero. Selon ses déclarations, le parti socialiste refuse, sans justification raisonnable, de soutenir son projet d'élargissement du port du préside occupé. Pour ce qui est du gouvernement socialiste, M. Imbroda l'accuse de ne pas soutenir ses demandes de soutien financier auprès des instances européennes. L'interview radiophonique du président de Mellilia permet de tirer trois conclusions. Premièrement, la ville occupée n'est pas «autonome» malgré le statut juridique dont elle jouit dans le système administratif espagnol. Il s'agit d'une ville qui vit sous perfusion et dont la survie dépend de l'aide du gouvernement central et des subventions européennes. La deuxième est que ce territoire colonisé est en train de se confronter à la réalité géographique qu'il a toujours reniée. L'évolution démographique doit, impérativement, être accompagnée d'une croissance économique. Or, les deux nécessitent une possibilité d'expansion géographique. Ce qui n'est pas possible dans le cas de Sebta et Mellilia. La troisième conclusion est que, tant qu'il y a des franquistes comme Imbroda à la tête de ces villes occupées, il sera difficile à ces deux présides de se projeter dans l'avenir, notamment, à travers la décolonisation. M. Imbroda, qui est le seul politique qui refuse toujours d'enlever la statue de Franco de la principale place de la ville, donne la preuve, lui-même, qu'il est aux abois quand il commence à délier en protestant contre le refus du Maroc de «l'aide de Mellilia» et le rejet des socialistes de l'élargissement du port. Or, il se trouve que l'élargissement du port de Mellilia est un projet qui n'est pas viable pour une simple raison : à quoi servirait un «grand port» sachant qu'il n'existe pas de douane commerciale entre le Maroc et la ville occupée? Une décision que le Maroc a judicieusement prise et qu'il refuse de réviser malgré toutes les pressions. Pour dépasser leurs problèmes socioéconomiques, les deux présides occupés ont besoin d'un gouvernement qui aurait le courage de reconnaître que la légitimité géographique invoquée pour revendiquer la souveraineté espagnole sur Gibraltar est encore plus valable pour justifier les droits du Maroc sur Sebta et Mellilia.