La 9ème édition de FestiMode a été inaugurée hier à Casablanca et se poursuit jusqu'au 9 mai. Hamid Fardjad, son directeur artistique, explique les enjeux de cette édition. ALM : Qu'est-ce qui distingue la 9 ème édition de FestiMode des précédentes ? Hamid Fardjad : Festimod s'est ouvert vers l'extérieur cette année puisque différents pays européens y participent. Sont prévus lors de cette 9ème édition un défilé de mode, à la cathédrale du Sacrée Cœur à Casablanca, de quatre stylistes espagnols, ainsi qu'un défilé de 4 lauréats du Concours Createurope 2008, en plus du défilé Emergence présentant des jeunes créateurs marocains. Cette édition se distingue également par le fait que l'industrie marocaine de la mode s'associe cette année au festival. En plus du soutien financier, cette collaboration peut aussi apporter des connexions qui ouvrent des portes aux jeunes créateurs. Aussi grâce à Festimode, quelques-uns de nos créateurs pourront dévoiler leur savoir-faire le 24 juillet, aux Pays-Bas dans un programme Off de la prochaine internationale Amsterdam Fashion Week. Ce qui est intéressant aussi cette année, c'est la médiatisation de l'événement. Mais je crois tout de même que l'effort des organisateurs reste toujours le même, même si le festival s'est nettement amélioré cette année. Quel est l'apport de Festimode au paysage de la mode marocaine ? À chaque édition, on essaie de trouver des créateurs qui sont dans le domaine contemporain et nous éloigner de tout ce qui est folklorique et traditionnel. Je crois que cette tradition du caftan commence à nous enfermer. Cela s'est d'ailleurs révélé lors de la sélection des jeunes créateurs marocains lors de cette 9ème édition. Sur la trentaine de dossiers de candidature qu'on a reçus, on a eu du mal à trouver des jeunes stylistes qui font autre chose que le caftan. On ne peut pas ignorer que cet habit constitue un patrimoine essentiel qu'on se doit de préserver. Toutefois au Maroc, quotidiennement, tout le monde s'habille à l'européenne avec les marques de créateurs étrangers. J'espère que cela pourrait changer. Je ne suis pas protectionniste à l'égard des franchises étrangères, mais il ne faut quand même pas que la mode marocaine s'enferme dans le traditionnel. Aussi, il est primordial que le Maroc ait une vraie école de mode. La formation de jeunes créateurs serait très bénéfique pour l'industrie vestimentaire marocaine. Festimode n'a pas les moyens pour cela, mais on essaie de créer une dynamique pour aller dans ce sens. Festimode est l'un des seuls événements au Maroc où les jeunes créateurs marocains peuvent montrer des créations contemporaines autres que le caftan, notamment du prêt- à-porter de haute gamme. Vous êtes réalisateur d'origine iranienne et vous enseignez à l'Institut des arts visuels de Marrakech. Qu'est-ce qui vous lie à la mode et au Maroc ? Je ne suis ni couturier, ni modéliste. Mais mon lien avec la mode provient du fait que cette discipline est également un art qui exige le coup d'œil. En tant que directeur artistique de FestiMode lors de cette édition, je m'occupe de la mise en scène des défilés. Ces derniers sont avant tout des spectacles visuels. Par ailleurs, l'école du cinéma de Marrakech où j'enseigne constitue un bon exemple. Cette école, même si elle est encore jeune a réussi à former des étudiants qui s'illustrent au niveau international. Il faut maintenant créer une école pareille au niveau de la mode. Et concernant mon rapport avec le Maroc, j'y suis venu pour des vacances. J'y suis tombé amoureux parce qu'il ressemble à mon pays et maintenant, cela fait plus de 20 ans que j'y réside.