Le 15ème Festival du cinéma méditerranéen de Tétouan a organisé un colloque, dimanche dernier, autour de l'œuvre du réalisateur Youssef Chahine. Comme il a été prévu, le colloque inscrit dans le cadre de l'hommage rendu au cinéaste Youssef Chahine lors du 15ème Festival du cinéma méditerranéen de Tétouan qui se poursuit jusqu'au 4 avril à Tétouan, a attiré un grand nombre d'artistes, de cinéastes ainsi que de professionnels et critiques de cinéma issus des pays de la Méditerranée. Cette rencontre a été marquée par les témoignages émouvants du célèbre acteur égyptien Mahmoud Hamida qui a joué dans les plus importants films réalisés par Youssef Chahine dont «L'émigré» et «Alexandrie…New- York». Cet acteur a décrit le défunt réalisateur comme un «grand homme de cinéma» qui se distinguait par son amour pour son métier. Mahmoud Hamida a évoqué son premier rôle dans une grande production cinématographique historique réalisée par Youssef Chahine. Selon lui, Youssef Chahine mettait beaucoup de temps pour choisir les acteurs de ses films notamment les jeunes débutants dans le domaine du cinéma. «Je me rappelle de mon premier jour de travail dans ce film lorsque je me suis rendu dans le studio Dallal. Je suis resté plus de cinq heures à attendre l'arrivée du réalisateur. Quand je suis sorti de ma chambre pour savoir la cause de ce retard, j'ai rencontré son assistant Yousri Nasrallah qui m'a dit dans quel état se trouvait Youssef Chahine et combien il avait peur de travailler avec un jeune débutant, en l'occurence moi», se souvenait Mahmoud Hamida. De son côté, le journaliste et critique de cinéma égyptien, Ahmed Fayek, a souligné l'importance de l'œuvre de Youssef Chahine et combien ce dernier a réussi à décrire la société et la jeunesse égyptiennes à travers ses films, particulièrement, ceux relatant sa biographie. Et ce, grâce à ses quatre films dont «Alexandrie…, pourquoi?» et «Alexandrie... New-York», et qui racontent l'histoire où l'Egypte était sous l'occupation anglaise et ceux qui décrivent le pays au lendemain de «Naksa» (La défaite), survenue en 1967. Rappelons que son film «Alexandrie…, pourquoi? » qui avait suscité lors de sa projection en 1978 une grande polémique, a été diffusé lors de la cérémonie de l'inauguration de ce 15ème Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan. La sortie de ce film coïncidait avec la visite de l'ancien président d'Egypte, Anouar Essadat en Israël et qui avait donné lieu à «la signature du célère accord de Camp David», a affirmé M.Fayek faisant remarquer qu'un nombre important de leaders et intellectuels arabes ont appelé à l'interdiction de la diffusion de ce film dans leurs pays respectifs. «Car de leur avis, le film «Alexandrie…, pourquoi?» incitait à la normalisation des relations avec Israël». Les intervenants ont convenu, lors de cette rencontre, que Youssef Chahine a réussi à décrire la réalité du peuple arabe et sa résistance à travers des films tels «L'Algérienne Jamila», «La terre», «Le Choix» et «Le retour de l'enfant prodigue». Les films de Youssef Chahine se différencient de ceux produits, à cette époque, en Egypte et «qui traitaient des sujets classiques et traditionnels, il était aux yeux de certains comme un réalisateur rebelle», a noté le critique de cinéma marocain, Khalid Damoun. Et d'ajouter que: «Youssef Chahine était considéré notamment comme le premier réalisateur arabe à faire des films coproduits avec des pays étrangers afin de s'exprimer en toute liberté. Ses films ont été plusieurs fois censurés. Youssef Chahine a été même emprisonné suite à la projection de son film «Alexandrie…, pourquoi? ».