Les responsables des syndicats concernés par le dialogue social ont conditionné, hier, l'annulation de la marche de protestation annoncée pour le 22 mars à Rabat à la satisfaction de leurs revendications. Les dirigeants syndicaux n'étaient pas en mesure hier de trancher sur la question du maintien ou de l'annulation de la marche de protestation, prévue dimanche 22 mars à Rabat. Contacté par ALM, Abderrahmane Azzouzi, responsable de la Fédération démocratique du travail (FDT), était dans l'expectative. «Tout dépend de la réponse du gouvernement à nos revendications», a-t-il indiqué, en rappelant que les syndicats avaient saisi le Premier ministre Abbas El Fassi par lettre et qu'ils n'ont pas reçu, jusqu'à hier matin, une réponse à leurs attentes. Les mêmes atermoiements ont été enregistrés auprès des dirigeants de l'Union marocaine des travailleurs, qui constitue avec la FDT l'un des principaux interlocuteurs du gouvernement. Les syndicats préféraient rester prudents, en attendant que la Primature apporte une réponse à leur dossier revendicatif. «La balle est, actuellement, dans le camp de l'exécutif, il lui incombe de choisir entre la paix ou l'escalade», a menacé un syndicaliste, qui a souhaité ne pas être cité. Les syndicats jouent la pression contre le gouvernement El Fassi, essayant d'arracher le maximum d'acquis au profit de la classe des travailleurs. Les revendications syndicales portent principalement sur «l'amélioration des salaires des travailleurs», elles se rapportent également à la question des «promotions», et concernent par ailleurs l'obtention d'un casus belli au sujet d'un projet de loi sur les syndicats qui consacre notamment les libertés syndicales et le droit constitutionnel à la grève. A ce sujet, les responsables syndicaux interrogés ont confié, à l'unanimité, leur satisfaction quant à la promesse du gouvernement de revenir sur la décision d'opérer des retenues sur les salaires des grévistes de la fonction publique. Lors d'une récente rencontre, le Premier ministre Abbas El Fassi a exprimé son consentement quant à l'éventualité d'un retour sur la décision des retenues, à ceci près que l'annulation de cette décision soit prise en Conseil de gouvernement. Réagissant à ce dernier point, le dirigeant de la FDT a estimé que «le Premier ministre était logique avec lui-même». «Si la décision des retenues a été prise par le Conseil de gouvernement, il est normal que son annulation soit décidée en Conseil de gouvernement», a indiqué M. Azzouzi, qui s'est félicité de la «volte-face» gouvernementale. Le responsable de la FDT, proche de l'USFP, s'est dit également «satisfait de l'esprit d'union intersyndicale qui règne actuellement». La Confédération démocratique du travail (CDT) est la seule avec l'UGTM à ne pas s'associer à la marche du 22 mars. Un responsable de la CDT a expliqué cette initiative par la volonté de son syndicat de «donner du temps» au gouvernement pour répondre aux revendications sociales, fixant une échéance d'un mois pour se décider.