La présidente de l'association «Terres des femmes» explique à ALM son engouement pour la poterie rurale marocaine et ses projets en cours. ALM : Pourquoi vous vous êtes focalisé sur la poterie et en particulier la poterie rurale marocaine ? Agnès Goffart : Je suis céramiste de formation. À travers le livre de Hammad Berrada intitulé «La poterie féminine», j'ai découvert qu'au Rif, ce patrimoine est en voie de disparition. Ainsi, j'ai commencé par organiser une exposition sur la poterie marocaine, qui a connu un grand succès. C'est à ce moment-là que j'ai décidé de créer une association. Grâce aux supports des bénévoles, nous travaillons actuellement avec près de 125 femmes issues de plusieurs régions notamment Zerhoune, Ouazzane, Chefchaouen, Taza…
Quel est le but de cette association ? Notre but primordial est de garantir la pérennité de cet héritage et de promouvoir la place de la poterie rurale au sein de la société. La poterie féminine est en danger. Nous voulons transmettre ce savoir-faire aux jeunes. En tant qu'association qui encourage la poterie, nous avons voulu faire connaître ces produits en les commercialisant à un prix raisonnable. Les objets de poterie sont très réclamés surtout en matière de décoration. Avez-vous constaté une amélioration de la condition de vie de la femme rurale ? L'amélioration a été rapidement constatée. Grâce aux gains récoltés de la vente de leurs articles, les femmes ont réussi à aménager leurs maisons et à acquérir de nouveaux matériels. Nous les avons aidées financièrement en leur accordant des prêts pour la construction des toits. Nous sommes heureux de les voir passer, cette année, l'hiver à l'abri des intempéries et des chutes de neige. La scolarisation figure aussi parmi nos priorités. Avec la collaboration de plusieurs associations, nous avons réaménagé quelques écoles dans la région. Quelles sont les difficultés auxquelles vous vous confrontez ? Nous avons du mal à assurer l'acheminement permanent des produits que cela soit à l'étranger ou bien au niveau local ; car ces femmes habitent dans des zones isolées où l'accès est difficile surtout au cours de cette période de l'année. En dépit des obstacles financiers, nous luttons pour promouvoir ce savoir-faire et aider ces femmes à survivre. Avez-vous des projets en vue pour cette année ? Nous comptons ouvrir un nouvel espace aux Oudayas. Le nouveau local comportera une salle d'exposition, une salle de formation et une boutique. Pour être fidèles au timbre traditionnel, nous voulons l'aménager typiquement comme les villages où se fabriquent les objets exposés. Nous avons un autre projet prévu pour juin 2010. Notre association est appelée à représenter le Maroc dans une manifestation de poterie en Belgique. Cet événement permettra à la poterie marocaine de se faire connaître en Europe. Pour cela, nous allons commencer la coordination avec les autorités locales pour nous aider pour que quelques potières puissent exposer leurs productions lors de cet événement. Seuls nous ne pourrons pas tout assurer, les autorités locales doivent se mobiliser pour nous soutenir.