La réunion du Conseil de gouvernement, tenue jeudi, aura pris les allures d'une veillée d'armes pour le cabinet du Premier ministre, Abderrahmane Youssoufi. Tout y est passé. Le chef de l'exécutif a saisi l'occasion de la première réunion de l'année 2002, qui sera marquée par le grand rendez-vous électoral de septembre, pour adresser des vœux assortis de grandes recommandations aux membres de son équipe. Tout y est passé, depuis le processus des réformes en cours, jusqu'à la couverture maladie en passant par les échéances électorales, le volet économique, l'audiovisuel et l'enseignement. Dans le cadre général des réformes, le Premier ministre a appelé à une intensification des réformes, dans «le cadre du principe de solidarité» et de «l'esprit de responsabilité collective», base de travail des gouvernements dans les pays démocratiques. Il a relevé, même de façon subtile, le manque de communication autour des objectifs des réformes et leurs résultats, vecteur essentiel pour informer l'opinion de ce qui se fait. Un dossier en instance à cet égard est celui de l'audiovisuel, au sujet duquel, selon le Premier ministre, un projet de loi sera proposé incessamment visant à « limiter le rôle des pouvoirs publics aux tâches essentielles de régulation, d'organisation et de définition des stratégies ». M. Youssoufi a indiqué que le projet définit de manière précise les conditions et les formes d'exercice de la liberté de la communication audiovisuelle, consacre la levée du monopole sur le secteur et prévoit sa restructuration au plan juridique. Le projet accorde aussi de «larges attributions» au conseil supérieur de la communication audiovisuelle en matière d'autorisation, de contrôle et de sanctions. Toujours dans le même chapitre des réformes, le Premier ministre s'est penché sur le projet de loi formant code de couverture médicale de base, qualifié comme «l'une des plus grandes réalisations du gouvernement». A cet égard, il est question d'accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) et de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS). Le projet prévoit également, a-t-il été rappelé, une assurance maladie obligatoire (AMO) et un régime d'assistance médicale (RAMED) aux personnes nécessiteuses. Le gouvernement a été appelé à élaborer des lois afférentes au taux de couverture et à la cotisation, achever l'étude relative au financement du régime d'assistance médicale aux personnes à revenu limité et à définir les rapports entre la CNOPS, la CNSS et les établissements de santé. L'exécutif devra également œuvrer à mettre en place les premières bases de l'Agence nationale d'assurance maladie (ANAM), projet auquel devraient être associés les partenaires économiques et sociaux, les sociétés pharmaceutiques, les prestataires des services de santé et les professionnels du secteur. C'est cependant le dossier de l'enseignement qui aura été le plus attendu dans cette réunion. A ce niveau, le Premier ministre a tenu à rappeler le caractère prioritaire de points comme l'obligation de l'enseignement, la création d'académies régionales et de nouvelles structures universitaires, la création d'un mécanisme d'évaluation du système éducatif, l'encouragement de l'enseignement privé, la promulgation d'autres lois et décrets ainsi que le statut des enseignants. Ces généralités étant acquises, sur le plan concret, le gouvernement prendra les mesures nécessaires pour la mise en œuvre de l'obligation de l'enseignement à partir de septembre prochain, veillera à créer de nouvelles structures universitaires, afin qu'on puisse y lancer le premier cycle universitaire et continuera à accorder de l'intérêt à la révision du statut des fonctionnaires du ministère de l'Education nationale. Très peu, en regard des énormes attentes des enseignants.