«CasaNegra», le dernier film du Nourredine Lakhmari est sorti dans les salles nationales mercredi 24 décembre. Un drame contemporain où Casablanca perd dévoile toute sa mélancolie, ses contrastes et ses espoirs. Personnages attachants, décors époustouflants, scénario et textes percutants et réalistes. Nourredine Lakhmari livre, trois ans après son premier long-métrage «Le regard», «CasaNegra». Une œuvre qui restera dans les annales et qui reflète l'évolution et le degré de maturité du cinéma national. «CasaNegra», le dernier film du Nourredine Lakhmari est sorti dans les salles nationales mercredi 24 décembre. L'originalité, l'audace et l'intelligence des choix faits par le réalisateur, en plus de son souci du détail, font de ce drame contemporain, un film qui mérite d'être vu par tous. Dans cette fiction située en pleine métropole casablancaise, Casablanca perd sa parure blanche pour dévoiler toute sa mélancolie et ses contrastes. «Casa», la blanche, devient noir dans ce film servi par un ton dramatique, un langage cru et actuel et un humour noir. Véritable monstre urbain, la ville filmée dans tous ses états, tantôt dans son obscurité nocturne, tantôt dans sa luminosité matinale devient un personnage à part entière plantant ainsi le décor qui accueillira les autres protagonistes du film. Un monstre donné à voir dans toute sa beauté par le réalisateur : «Casablanca, c'est une ville à plusieurs facettes, à la fois porteuse de pouvoir pour les uns, de destruction pour les autres, un champ de bataille où s'expriment des émotions multiples, un mal-être que seule une ville comme Casablanca peut éveiller chez une jeunesse vivant dans l'injustice et les disparités». Mais, cette noirceur dominante de la ville que donne à voir CasaNegra notamment à travers les décors et la violence des personnages ne fait que mettre en relief la lumière qui existe au fond de ces derniers. Une lumière qui est même perceptible dans un langage cru des acteurs comparable parfois par effet de répétition, à une poésie en «darija». L'histoire de ce long-métrage de 126 min se déroule en trois jours invitant ainsi le spectateur à une course frénétique dans la ville de Casablanca. Et ce, en compagnie de Karim et Adil échantillons d'une jeunesse casablancaise, et personnages principaux taillés sur mesure pour les acteurs Anas El Baz et Omar Lotfi, deux révélations du cinéma marocain. Il s'agit d'une intrusion dans leur vie quotidienne qui laisse entrevoir la complexité et la profondeur d'une population à qui la vie ne promet rien, mais qui résiste et garde l'espoir. Karim et Adil, deux personnages inoubliables, le premier toujours vêtu de son costume noir et le deuxième de son blouson en cuir, sont deux amis d'enfance qui vivent d'expédients et de petites combines. Ils cherchent tout deux une solution qui leur permettra d'émerger et de sortir du quartier. Leurs environnements familiaux différents conditionnent leurs caractères, leur profondeur psychologique et leur manière de voir le monde. Karim gère son business employant des enfants vendeurs de cigarettes au détail. L'autre a trouvé la solution miracle à tous ses problèmes : «acheter» un visa et un contrat de travail pour émigrer vers Malmö (Suède), ville dont il rêve à travers une carte postale. Ainsi le film est avant tout une histoire d'amitié avec en toile de fond CasaNegra au lieu de Casablanca. Le film a remporté plusieurs prix, notamment celui de la meilleure image et du meilleur acteur au Festival international de Dubaï film ainsi que quatre autres prix au festival du film national de Tanger. On cite parmi ces derniers le prix du second rôle masculin qui a été décerné au grand artiste talentueux Mohamed Benbrahim. Ainsi «Casanegra» pourrait révéler encore de nouvelles voies devant le cinéma marocain.