L'histoire des partis politiques n'est en fin de compte que celle de leurs scissions. Leur taux de fécondité dépasse, et de loin, celui de la population. Cela a commencé avec le Comité de l'action nationale, dans les années trente et les divergences entre les défunts Allal El Fassi et Hassan El Ouazzani. L'un créa le Parti national ( PN) qui allait donner naissance, à son tour, au Parti de l'Istiqlal (PI) ; l'autre le Mouvement quaoumia (MQ) qui allait devenir le Parti de la démocratie et de l'Indépendance (PDI). C'était, donc, le péché originel. Avec l'indépendance, la prolifération des partis s'est accélérée à un rythme anormal. Dès la fin de 1957, le Mouvement populaire naquit dans des conditions contestées par les acteurs politiques traditionnels. En 1959, le Parti de Allal El Fassi s'est scindé en deux. L'aile gauche créa son propre cadre d'action, l'UNFP. Quelques années plus tard, soit en 1963, Ahmed Réda Guédira, ministre de l'Intérieur, à l'époque, crée le FDIC ( Front de défense des institutions constitutionnelles) et descend sur le terrain pour faire face aux partis issus du Mouvemrent national. Finalement le FDIC s'est transformé en Parti socialiste démocratique avant de disparaître. Dans les années soixante-dix, l'UNFP voit surgir de ses tripes l'USFP. Quelques semaines avant les élections législatives, le Premier ministre Ahmed Osman fonda sa mouvance libérale. Les « indépendants » se divisèrent, par la suite, en RNI (Rassemblement national des Indépendants) et PND (Parti national démocrate). En 1984, c'est au tour de Maâti Bouabid de constituer son parti, l'Union constitutionnelle (UC), alors que du côté de la gauche, on autorise l'OADP de Mohamed Bensaïd à agir dans la légalité et on contraint les dissidents de l'USFP à créer leur propre parti, le PADS ( Parti de l'avant-garde socialiste démocratique). Dans les années quatre-vingt dix et au début de ce siècle, suite à la libéralisation du champ politique, le nombre de partis a dépassé la vingtaine. A côté du PSD et du FFD, issus respectivement de l'OADP et du PPS, d'autres courants ont fait leur apparition, notamment, le Mouvement pour la démocratie, les Indépendants démocrates, la Voie démocratique, le Congrès national unioniste, du côté de la gauche, le PJD (Parti de la justice et du développement), Al Badil Al Hadari et le Mouvement pour la Nation, dans les rangs des islamistes. A ceux-ci, s'ajoutent Forces citoyennes, l'Union démocratique, issue du MNP (Mouvement national populaire). Ce dernier est lui-même le produit d'une scission au sein du Mouvement populaire qui a donné naissance, également, au MDS (Mouvement démocratique social).