Il s'appelle Taoufik, il a 23 ans, né à Hay Lalla Meriem à Casablanca : un jeune comme des milliers de nos jeunes, un parcours jusqu'ici identique à ceux qui balisent la vie de nos enfants, une famille très modeste, un quartier de vie semblable à tous nos quartiers populaires… Pourquoi donc- me direz-vous- lui consacrer cette chronique si ce gosse est si «ordinaire» ? Souvent dans cette page, je vous parle justement de ce besoin d'exemples valorisants, de «modèles» positifs… dont a tant besoin notre jeunesse : la vie- encore bien courte – de Taoufik est précisément l'image d'une success-story qui montre que même si, à la naissance, les «fées de la réussite» ne s'étaient pas penchées sur son berceau, la volonté, l'opiniâtreté payent toujours, d'autant plus lorsqu'elles sont accompagnées de l'envie de «forcer son destin». C'est ce qu'a su faire ce gosse, et si son exemple peut contribuer à (re)donner confiance à d'autres jeunes, à les motiver, à leur donner l'envie – et la force – d'y croire, alors il deviendra (à son insu) emblématique ! Six frères et sœurs – tous plus jeunes que lui – et dont le dernier est encore en bas âge, une maman au foyer, un père qui «bricole» (ce mot a une vraie signification dans nos quartiers), ils vivent dans un modeste et exigu logement avec oncles – épouses et enfants – et grands-parents. Si la jeune génération est née à Casablanca, les parents sont venus – quant à eux – de la région de Settat ; Taoufik a donc suivi toute sa scolarité dans les écoles de la préfecture de Moulay Rachid et a partagé son temps entre les études, le foot dont il est un passionné et les longs moments avec les amis du derb, au coin de la rue. Pourtant une particularité le distinguait du lot : son sérieux et son assiduité dans ses études, ce qui l'amena à décrocher brillamment son Bac et même à aller jusqu'à la licence ; moment où il stoppa faute de moyens. La vraie chance, il sut la forger – et la saisir en 2002 quand il choisit de s'engager dans le mouvement associatif, au cœur de son quartier. Sans expérience au début, il tint bon, apprit sur le tas mais a su aussi profiter des différentes formations qu'offre l'associatif. Il se construisit un «bagage» solide et apprit à être interlocuteur, acteur, décideur… Surtout il sut surmonter les déboires, les moments de doute, la pression parentale, voire les quolibets de la part d'autres jeunes. Il tint bon… et le destin lui sourit cette année, lorsqu'au cours d'activités associatives, il fut remarqué par un «mécène au cœur gros comme ça», Jean-Marie Stantander qui lui-même n'ayant pas eu la chance de poursuivre des études parce qu'issu d'un milieu très modeste et lui-même originaire du Maroc, retrouva chez Taoufik l'envie d'y croire, la rage de vaincre. Ce mécène ayant déjà pris sous son aile une jeune fille de milieu défavorisé, qui poursuit actuellement des études au Canada grâce à lui , décida d'offrir la même chance à Taoufik. C'est ainsi que depuis le mois de septembre, ce jeune homme est inscrit à l'Institut polytechnique de Casablanca d'où il sortira dans 3 ans –Inchaallah- avec un diplôme de génie électrique.