Raymond Domenech est abonné aux erreurs de communication. Après les périodes soporifiques d'Aimé Jacquet et de Roger Lemerre, la caractère de Domenech tranche par un langage cru et des attitudes tranchées. L'homme est de ceux que l'on peut soupçonner d'être touchés par une grâce surnaturelle qui lui fait prendre la plus ridicule des positions sans que cela fasse bouger d'humilité ses sourcils brejnéviennes sous un casque chevelu prématurément blanchi. Raymond Domenech, le sélectionneur de l'équipe de France de football est rentré dans le panthéon des gaffes le soir, où subissant une sévère défaite qui éjecta méchamment son équipe de l'Euro 2008, il lance devant des millions de téléspectateurs sa demande en mariage à sa campagne Estelle Denis qui officie sur la chaîne de télévision M6 : «La seule chose à laquelle je pense désormais, c'est à me marier avec Estelle. Je lui demande sa main. Dans ces moments là, on a besoin des gens proches. Et là, j'ai besoin d'elle». N'importe quelle autre personnalité qui aurait eu ce genre d'attitude aurait immédiatement rejoint le grenier des oubliés. Pas Raymond Domenech dont la baraka semble avoir opéré sur les membres influents de la Fédération française de football qui le 3 juillet dernier, l'a reconduit dans ses fonctions. Cette décision avait à son temps fait hurler de rage de nombreux supporters de l'équipe de France emmenés par les nostalgiques de la génération de 98, année au cours de laquelle, la France de Zinedine Zidane remporta une flamboyante Coupe du monde. L'homme est abonné aux erreurs de communication. Après les périodes soporifiques d'Aimé Jacquet et de Roger Lemerre, la caractère de Raymond Domenech tranche par un langage cru et des attitudes tranchées. Invité à plusieurs reprises à changer de style, il balaie d'une revers de la main ces accusations : «Si le simple fait de changer ma communication faisait gagner des matches... Je ne vais pas naturellement devenir différent, je suis comme je suis, parfois ça passe, parfois pas, c'est comme un match. L'essentiel, c'est d'obtenir des résultats… Ça m'importe plus, le reste c'est de l'enrobage». Le premier grand test de cette reconduction controversée à la tête des Bleus fut le match contre les Autrichiens à Vienne au cours duquel la sélection de Raymond Domenech dut s'incliner devant la puissance de l'équipe autrichienne. Le match comptait pour les qualifications du Mondial de 2010 qui doit se dérouler en Afrique du Sud. Au lendemain de cette défaite, la fronde a repris contre Raymond Domenech, accusé d'avoir commis des erreurs de coaching, de n'être plus suffisamment inspiré pour mener l'équipe de France vers de prometteuses victoires. Pour sa défense, le sélectionneur français avait choisi de mettre la responsabilité sur le jeune âge et l'inexpérience de ses joueurs, une manière de demander qu'on lui laisse davantage de temps pour confectionner une équipe de champions. «Ils ont le devoir d'être ce qu'on attend d'eux au plus haut niveau possible sur leurs qualités, mais on ne peut pas leur demander tout d'un coup d'être Zidane ou Maradona à 19 et à 20 ans. On n'aura pas des joueurs à 19 ou 20 ans qui ont la maturité des joueurs de 27-28 ans». Et c'est ce contexte-là que les autorités du foot français ont choisi pour faire fuiter vers le journal «L'équipe», l'indispensable bible quotidienne des mordus de sport, un document inédit qui éclaire d'avantage les conditions de la reconduction de Raymond Domenech à la tête des Bleus. Il s'agit du procès-verbal de la séance. Il apparaît que Jean Pierre-Escalettes, le président de la FFF, était motivé par une seule hantise : faire barrage au «lobby 1998» qui tentait d'imposer Didier Deschamps, avec cet argument : «La Fédération est une famille, pas un club. La campagne des anciens de France 98 a été trop insistante, parfois indécente, l'équipe de France est le patrimoine de la fédération, pas celui d'un clan». Le document reproduit les propos de l'arbitre Bernard Saules : «Il y a au moins un avantage à le maintenir, il restera en position de fusible». La publication de ce document visait manifestement à faire passer le message que malgré la reconduction de Raymond Domenech avec 18 contre 1, la FFF était beaucoup plus divisé que l'unité officiellement affichée ne le laissait croire. La phrase de Bernard Saules a de fortes chances de se vérifier ce mercredi soir lors du match France-Serbie au Stade de France. Les différents pronostics ne donne pas cher de la peau de Raymond Domenech en cas de défaite de match nul. C'est un sursitaire sur un siège éjectable dont le destin dépend du résultat que les Bleus sont encore capables d'arracher au Serbes ce soir et aux Roumains le 11 octobre prochain.