Le principe de la visite de Nicolas Sarkozy à Damas a été arrêté de fraîche date. Ce fut lors de la visite du président syrien Bachar Al Assad à Paris le 13 juillet dernier. A peine sorti de la crise géorgienne où, en tant que président de l'Union européenne il s'est félicité des résultats obtenus de la Russie sans recourir à la moindre menace de sanctions, que Nicolas Sarkozy se lance déjà vers un autre horizon aussi tendu et compliqué : Damas où il effectue à partir d'aujourd'hui mercredi une visite historique placée sous le signe de la normalisation des rapports entre deux pays que l'assassinat de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri avait éloigné jusqu'à la rupture. Le principe de cette visite a été arrêté de fraîche date. Ce fut lors de la visite du président syrien Bachar Al Assad à Paris le 13 juillet dernier pour participer au lancement de l'Union pour la Méditerranée, projet cher à la vision diplomatique française depuis que Nicolas Sarkozy rêve d'intégrer les pays de la Méditerranée dans une logique de dialogue politique et de développement économique. A l'époque la seule présence de Bachar Al Assad aux festivités suffisaient à donner de l'éclat et de la crédibilité à ce projet. De cette rencontre inédite avec Bachar Al Assad longuement et bruyamment chahutée par l'opposition à l'époque, Nicolas Sarkozy en avait tiré un bilan suffisamment positif pour justifier sa détermination de «poursuivre un dialogue nécessaire». Cette rencontre, affirme le président français, avait «permis d'enregistrer deux nouvelle avancées: l'annonce de l'établissement des relations diplomatiques entre Beyrouth et Damas ( et) la décision de la Syrie de voir, le moment venu, la France co-parrainer avec les Etats-Unis la négociation directe syro-israélienne». Il faut dire que les deux pays, la France et la Syrie, avaient un intérêt mutuel à ce que leurs retrouvailles intimes se réalisent le plus vite possible. Damas d'abord, avait voulu recevoir sans tarder la France, présidente de l'Union européenne, pour confirmer au monde entier en général et à son environnement régional en particulier sa définitive sortie de l'isolement politique et diplomatique dans lequel l'administration Bush l'avait parqué pendant de longues années. Quant à Paris, les Français couvent une volonté manifeste de profiter de la paralysie diplomatique américaine que provoque naturellement la longue parenthèse électorale pour organiser leur retour dans cette région. Ce n'est donc ni un hasard ni une lubie passagère de Nicolas Sarkozy de vouloir organiser dans la capitale syrienne un sommet quadripartite entre la France, la Syrie, la Turquie et le Qatar pour évoquer l'avenir des négociations entre israéliens et Syriens qu'Ankara abrite jalousement. Il est vrai que dans cette démarche la tentation d'obtenir une photo signalant vivement le retour de la diplomatie française dans la région est grande chez l'excellent communicateur qu'est Nicolas Sarkozy. De nombreux spécialistes syriens pensent que Nicolas Sarkozy vient à Damas en simple éclaireur de la nouvelle administration américaine en cours de formation, une sorte de chauffeur de salle et de préparateur d'ambiance. Même si son geste ne plonge pas le duo George Bush- Condoleezza Rice dans une joie incommensurable, ils ont eu à plusieurs reprises l'occasion de manifester publiquement leur mauvaise humeur à l'encontre de l'activisme du président français sur le sujet, Nicolas Sarkozy s'est toujours dit porteur des mêmes exigences américaines à l'égard des autorités de Damas, à savoir une volonté manifeste de tout faire pour déverrouiller l'alliance stratégique qui lie les Syriens au régime iranien, de serrer à fond la laisse du Hezbollah libanais et de prendre une distance réglementaire avec le Hamas palestinien sans parler de l'impérieuse nécessité de contrôler plus sérieusement la poreuse frontière avec la poudrière irakienne. En plus d'un volet politique bien fourni, l'autre surprise qui peut agréablement égayer la délégation française peut venir du volet économique. Les opportunités qu'offrent de larges secteurs de l'économie syrienne en friche et leurs besoins de modernisations sont tels que de juteux contrats sont à prévoir. Le tout auréolé d'une note éducative et culturelle dont l'importance symbolique n'échappe à personne, l'inauguration à Damas du lycée français «Charles de Gaulle».