A Aouinate, région de Kasbat Tadla, les tribus de Béni Chagdal perpétuent les traditions de leurs ancêtres au cours d'un genre de Festival où la «baraka» fait jaillir l'eau d'une source qui s'était complètement tarie depuis des siècles. Les tribus de Beni Chagdal de la région de Fquih Ben Salah ont organisé un Festival de «Jadba» qui est une sorte de transe, unique en son genre, du 13 au 16 août 2008 à Aouinate relevant de la Caïdat d'El Kamouni, à quelques kilométres de Kasbat Tadla. Sous un soleil de plomb, 14 tribus de Béni Chagdal (hommes, femmes et enfants) se réunissent sous des tentes, blanches et noires, dans le but de commémorer les traditions héritées de leurs ancêtres. Pour arriver à cet endroit, il a fallu emprunter la route de Beni Mellal vers Ouled Saïd El Oued et passer par une piste longue de 15 kilométres .D'après les informations recueillies auprès du Moukadem de Beni Chagdal Haj Ahmed Nazeh, il s'agit de perpétuer des traditions enracinées dans la nuit des temps. «D'abord, il ne s'agit pas de Festival mais de traditions. Le mot Chagdal est d'origine berbère. Il signifie caverne. Nos ancêtres qui étaient traqués par leurs ennemis, il y a des siècles, se sont enfuis et se sont cachés dans une grotte. L'ennemi, qui a voulu les exterminer, a complètement fermé la caverne. Mais grâce à la «baraka» de Dieu, la porte de la grotte s'est ouverte et on raconte que c'était une gazelle qui leur apportait de la nourriture. Après la mort de quelques membres de cette tribu, ils ont été enterrés ici à Aouinate. Ceux qui étaient restés vivants, étaient des hommes mal vêtus, sales et des SDF. Arrivés à Aouinat, où il y avait cette source que vous voyez là bas, ils vouluaient boire un peu d'eau. Mais les habitants de cette région les ont empêchés. Et c'est à ce moment là que les Majdoubs ont prié Dieu pour que la source se tarisse. En effet elle s'est tarie complètement. Depuis, Beni Chegdal ont eu l'habitude de venir dans cette région pour perpétuer les traditions de leurs ancêtres et qui consistent à faire jaillir l'eau de cette source sèche ».Toute la journée, on n'entend que le Bendir et des chants comme « Allah, Allah, Allah Hay, Allah Hay…» et on ne voit que des hommes et des femmes qui exécutent des mouvements miraculeux. C'est la Jedba. C'est un type de danse où le Majdoub entre dans une sorte de transe. Les autres qui tapent sur le tambour répètent des litanies jusqu'à ce que les Majdoubs entrent dans un état d'extase. Tout en sueur, ces danseurs exécutent des mouvements étranges au rythme des tambours. Après la prière de Dohr, les Beni Chagdal décident d'entamer leur rituel. Un homme amène un taureau et des groupes de Majadibs le poursuivent, pieds nus, pour faire trois tours autour d'un cimetière où étaient enterrés leurs ancêtres. A ce moment, un fquih entouré par les hommes les plus courageux, de Beni Chagdal. Arrive près de la source tarie, des Majdoubs commence à prier. Lorsque les Majdoubs finissent de faire trois tours autour de la nécropole, le taureau est égorgé et les Majdoubs se dirigent vers la source, poursuivis par des centaines de Beni Chagdal. Quand l'eau jaillit de la source, deux fois, le fquih s'évanouit et des hommes le transportent hâtivement vers la tente. Tout le monde se jette sur l'endroit où l'eau a jailli pour prendre de la boue qui est une grande baraka pour les tribus de Beni Chegdal. Alors un grand désordre s'empare de cette multitude de gens qui se bousculent en quête de la baraka de leurs ancêtres. Le taureau qui a été égorgé est partagé entre les douars de Beni Chagdal.