Selon le commentateur sportif vedette des matchs de football, la TVM et les autres télévisions arabes n'ont pas les moyens financiers de lutter contre ART. ALM : Le public marocain risque fort d'être privé de la retransmission des matchs de la Coupe d'Afrique. Y'a-t-il encore de l'espoir, selon vous? Saïd Zeddouq : En fait, il y a toujours de l'espoir. Tant que les matchs de la Coupe d'Afrique n'ont pas encore débuté, nous ne pouvons pas dire que les portes de l'espoir sont totalement closes. Il faut également préciser un élément très important, pour l'information du public marocain. En effet, le problème de la retransmission des matchs de la Coupe d'Afrique ne se pose pas uniquement pour la télévision marocaine, mais également pour celles de tous les autres pays arabes, essentiellement ceux dont les équipes nationales participent à la Coupe. A savoir, l'Algérie et l'Egypte. Ce problème ne se posant pas pour la Tunisie, car c'est le pays organisateur de la CAN 2004 et de surcroît ce sont les Tunisiens eux-mêmes qui filmeront les matchs. Mais pour la CAN 2006 qui se tiendra en Egypte, les Tunisiens vont se retrouver dans la même situation que nous. Quelle est la situation des négociations entre la TVM et les responsables d'ART? Il faut rappeler que la société Sportfive, dont Jean Claude Darmon est le P-DG, a acheté les droits de retransmission de la CAF, puis a revendu à ART une partie de ces droits, plus précisément pour les pays arabes. Cette dernière a totalement refusé de négocier le direct avec les télévisions nationales des pays concernés. En clair, nous avons le choix entre une retransmission avec 2 heures de différé ou rien du tout. Et pour cause, ART annonce déjà que les matchs de la CAN 2004 seront retransmis exclusivement sur ses ondes. C'est une opération purement commerciale. Les responsables d'ART espèrent ainsi accroître les ventes de leurs décodeurs. Depuis que la CAN existe, c'est la première fois que ce genre de problème se pose. Pourquoi? Effectivement, c'est la première fois que nous nous trouvons confrontés à ce type de problème. Il faut rappeler que lors de la CAN 2002, ART avait accepté de vendre des matchs en directs, comme par exemple celui de l'ouverture, de l'équipe nationale et de la finale. Il s'est avéré que les ventes des décodeurs ne se sont pas améliorées. C'est ce qui a poussé ART à refuser de vendre les matchs en direct. La chaîne a compris que le public n'est intéressé, en premier lieu, que par les matchs de sa équipe. Que dit le règlement de la CAF dans ce genre de situation? Je ne pense pas que le règlement de la CAF prévoie quelque chose sur ce genre de question. Toujours est-il que, c'est normalement la CAF qui doit intervenir pour nous sortir de cette impasse. En outre, il est inconcevable que les matchs de l'équipe nationale soient commentés par un journaliste non marocain, dépourvu de sentiments pour la sélection nationale. Pourquoi les télévisions marocaines, algériennes et égyptiennes ne se sont pas prises plus tôt pour négocier directement avec Sportfive? Ce n'est pas du tout une question de temps. L'union des télévisions arabes était liée avec Sportfive par un contrat qui a pris fin en 2000. A l'époque la TVM ne déboursait pas plus de 35.000 dollars pour diffuser en direct les matchs. Les négociations avec la société de Darmon pour le renouvellement du contrat ont débuté plus d'un an avant l'expiration du contrat. Il se trouve que ART a offert une somme faramineuse à Darmon. Si ce dernier a versé environ 5 millions de dollars à la CAF, il en a reçu 25 millions uniquement pour le monde arabe. Vous imaginez que l'offre d'ART ne pouvait pas être refusée. En outre, l'offre des télévisions nationales arabes n'a pas dépassé le cinquième de ce que ART a déboursé. Darmon a donc rapidement fait son choix. Donc même si c'était à refaire, nous perdrons la partie contre ART. Qu'en est-il de la retransmission radiodiffusée? Elle sera impossible car ART a exigé une somme faramineuse, 150.000 dollars. En fait, nous sommes pratiquement dans une impasse. La fédération marocaine a contacté la CAF pour qu'elle intervienne. Par contre, les fédérations algérienne et égyptienne n'ont pas bougé le petit doigt. Pensez-vous que les politiques vont intervenir dans cette querelle purement commerciale? C'est tout à fait possible. Mais jusqu'à la dernière minute, comme cela se fait d'habitude. Une chose est sûre, si rien ne change d'ici la fin de cette semaine, je pense qu'il n'y aurait plus d'espoir.