Le projet Cap Djenat devrait donner un coup de pouce à l'économie algérienne, extrêmement dépendante en hydrocarbures. Il anticipe des exportations hors hydrocarbures de 15 milliards de dollars d'ici à 2015. Le groupe privé Cevital vient de concrétiser son méga projet de pôle industriel quelques mois après son annonce, dans la région côtière de Cap Djenat, autour de ce qui est appelé à devenir le premier port de la Méditerranée et le 10ème au niveau mondial. «Le montant des investissements prévus par Cevital pour ce projet est de 30 milliards de dollars et l'impact attendu en termes de création d'emplois s'évalue à plus d'un millions d'ici 2015», confiait Issad Rebrab, président de Cevital, à OBG. Dans l'optique de diversifier ses activités, le groupe va également créer un complexe industriel intégré sur 5000 Ha pour répondre aux besoins du pourtour méditerranéen mais aussi de l'Afrique subsaharienne. Le projet prévoit la réalisation d'un nouveau port en eau profonde, un complexe pétrochimique, un complexe de production d'aluminium en partenariat avec Rio Tinto-Alcan qui produira 1,5 million de tonnes par an, un complexe sidérurgique intégré qui produira 10 millions de tonnes d'acier par an, une centrale de dessalement d'eau de mer, une centrale électrique d'une capacité de production de 3200 MW, ainsi que divers projets en matière de construction navale, automobile et de fabrication de containers. Le projet Cap Djenat devrait donner un coup de pouce à l'économie algérienne, extrêmement dépendante en hydrocarbures, dans la mesure où il anticipe des exportations hors hydrocarbures de 15 milliards de dollars d'ici à 2015, et jusqu'à hauteur de 30 milliards de dollars à l'horizon 2025, contre 1,31 milliard de dollars actuellement. Plus d'un millier de petites et moyennes entreprises seront également créées ou intégrées sur ces 5000 ha pour répondre à la forte demande dans les créneaux de la transformation, de la sous-traitance et des services. Ce projet s'inscrit dans le cadre de la nouvelle politique industrielle de l'Algérie visant à moderniser son industrie et à l'adapter aux besoins du marché technologique mondial. En effet, le gouvernement projette de créer un certain nombre de zones d'activités intégrées (ZAI) où les entreprises, les universités et les partenaires technologiques internationaux pourraient travailler en synergie, pour donner un surcroît d'attractivité et de compétitivité aux territoires concernés et aux unités économiques qui y activent. «En tout état de cause, notre préoccupation première est de trouver le mode opératoire organisationnel qui pourra faire émerger le large tissu de PME dont notre pays a besoin et qui pourra dans le même temps réaliser son ancrage dans l'économie de la connaissance en misant sur la recherche, la créativité, la mise en commun des compétences, des savoirs et de l'action» a souligné Reda Hamiani, président du Forum des chefs d'Entreprise, lors du 7e symposium international de MDI Business School d'Alger. M. Hamiani a par ailleurs indiqué que si des centres industriels spécialisés ont été créés dans différentes régions du pays (par exemple un centre agroalimentaire dans la vallée de la Soummam, un centre de l'industrie de l'électroménager à Bordj Bou Arréridj, un centre des industries électroniques à Sidi Bel Abbes, des industries pétrochimiques à Arzew, et des industries mécaniques à Constantine, etc.), le potentiel de coopération entre les professionnels d'un même secteur d'activité, sur un même territoire, n'était pas suffisamment exploité. «Cela nous fait perdre de l'énergie, de la croissance et de l'emploi», a-t-il souligné. Pour sa part, le ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, Abdelhamid Temmar, a affirmé que l'Algérie n'était pas encore en phase de création de pôles de compétitivité qui nécessitent, a-t-il dit, notamment des infrastructures importantes, une administration publique adéquate, des entreprises performantes, une formation de niveau et des centres de recherche scientifique. «La part de l'industrie dans le PIB (Produit intérieur brut) est quasi inexistante et il est encore trop tôt pour parler de pôles de compétitivité», a t-il déclaré à OBG. Il a par ailleurs confirmé que l'objectif était de réapproprier 6% du PIB à l'industrie et de déterminer quelles seraient les zones industrielles pouvant prétendre à une vocation de pôle de compétitivité sur la carte algérienne. La véritable question qui se pose est de savoir si le climat des affaires en Algérie est favorable aux entrepreneurs industriels. Avant d'arriver à créer des pôles de compétitivité, l'Algérie doit se doter d'un système bancaire répondant aux meilleurs standards internationaux, d'un enseignement supérieur de qualité internationale, et favoriser le transfert de connaissance et inciter les délocalisations vers l'Algérie.La confiance de Cevital dans la capacité du pays à relever les défis posés par la globalisation et la compétitivité est de bon augure. Toutefois, la mise en garde du ministre portant sur l'émergence des pôles de compétitivité laisse entendre que l'Algérie a encore du chemin à parcourir avant de voir Cevital parvenir à ses fins. • Oxford Business Group (26 juin 2008)