L'Observatoire de la corruption et du développement de la transparence a présenté, récemment, le bilan de son action depuis sa première année d'activité. Son directeur, Ali Lahlou, s'explique. ALM : Quel est le bilan de votre action depuis la création de l'observatoire ? Ali Lahlou : Il faut dire que depuis la création de l'observatoire au mois d'août 2007 par Transparency Maroc, il y a eu de nombreuses réalisations. Nous avons procédé à l'élaboration d'un ensemble de flashs infos et de revues de presse. Il y a également eu la réalisation de deux numéros «Transparency News» qui traitent de différentes thématiques. Le premier a porté sur la transparence des élections législatives de septembre 2007. Le deuxième numéro a porté sur la transparence de la justice et les enjeux de son indépendance. Le troisième Transparency News sera consacré à la transparence dans le foncier et l'immobilier. L'observatoire a mis en place un système d'information qui permet de repérer toutes les informations collectées et d'en faire un traitement approprié. L'observatoire a accueilli un ensemble d'activités notamment des tables rondes pour évaluer l'état de la lutte contre la corruption au Maroc mais aussi des cérémonies telles que la remise du prix de la Dignité à Transparency Maroc et aux avocats auteurs de «la lettre pour l'histoire». L'observatoire a été renforcé par la création d'une cellule d'aide aux victimes de la corruption. Cette cellule apporte une assistance et une aide juridique à ces personnes. Combien de plaintes avez-vous reçues au sein de cette cellule ? Nous n'avons reçu au sein de notre cellule d'écoute qu'une dizaine de plaintes de dénonciation de corruption. C'est un chiffre qui en dit long sur le travail qui reste à faire pour inciter les citoyens à lutter contre ce fléau. La lutte contre la corruption est aussi l'affaire des citoyens. Deux raisons expliquent ce chiffre dérisoire. Il y a tout d'abord un vide juridique pour protéger les témoins et les victimes de corruption. Autrement dit, il n'y a pas une législation qui mettrait ces personnes à l'abri de poursuites judiciaires. Tel est le cas des deux avocats de Tétouan qui avaient été radiés du barreau pour avoir dénoncé la corruption dans le système judiciaire de Tétouan. Aucune enquête n'a été ouverte à ce sujet. La deuxième raison est le manque de communication concernant l'existence de cette structure. Et quel est l'état des lieux de la corruption au Maroc ? Il y a eu des avancées. Le Maroc a signé la convention des Nations unies contre la corruption en décembre 2003. Mais il a fallu attendre mai 2007 pour que sa ratification soit enregistrée au siège des Nations unies et janvier 2008 pour qu'elle soit publiée au Bulletin officiel. Il est navrant de constater que l'instance nationale de prévention de la corruption dont la création a été décidée par décret il y a un an n'a pas encore été installée. Sa mise en place est plus que jamais urgente. Cette instance permettra de superviser et d'assurer le suivi de la mise en œuvre des politiques de prévention de la corruption. L'élimination des entraves au bon fonctionnement de la justice et la transparence de la gestion publique sont primordiales pour combattre ce fléau. Pour parvenir à des progrès, il faut une participation active des citoyens. L'observatoire en bref L'Observatoire national de la corruption et de développement de la transparence au Maroc a été crée par l'Association marocaine de lutte contre la corruption de Transparency Maroc avec l'appui et le soutien financier de l'ambassade des Pays-Bas au Maroc. Ses missions en font une entité destinée à favoriser le renforcement du droit à l'accès à l'information par la mise à disposition des citoyens d'une information de qualité. L'Observatoire a aussi pour objectif la promotion de la transparence et de la bonne gouvernance au Maroc. De manière plus spécifique, cette entité vise à formuler des propositions argumentées aux pouvoirs publics en matière de lutte contre la corruption et de promotion de la transparence en vue d'influencer leur action sur les plans législatifs, réglementaires, procéduraux et organisationnels. Il s'agit également d'effectuer un suivi afin de fournir un référentiel précis à ce phénomène, ses mutations et ses tendances à venir.