Saddam Husseïn qui est dans la ligne de mire de Washington, a lancé, dans son message de Noël à ses concitoyens, de nouvelles accusations contre Israël et les Etats-Unis. «Nous devons être unis pour faire échouer les projets de nos ennemis et protéger l'intégrité et l'indépendance de l'Irak», a déclaré le dirigeant irakien dans son message de Noël, publié ce mardi dans le quotidien gouvernemental Al-Iraq. «Les crimes commis par les sionistes et les administrations américaines successives sont en contradiction avec les enseignements de l'Islam et du Christ», a-t-il ajouté. Dans son discours, Saddam Husseïn accuse également Washington de soutenir aveuglément l'Etat hébreu dans sa confrontation avec les Palestiniens, et reproche aux deux pays de vouloir détruire l'Irak en refusant de lever les sanctions qui pèsent contre Baghdad. Embargo en effet maintenu tant que l'ONU n'aura pas pu s'assurer de l'arrêt du programme d'armes de destruction massive de l'Irak. Parmi les vœux qu'il a adressés lundi soir aux Chrétiens d'Irak et du monde, Saddam Husseïn avait aussi affirmé que les Etats-Unis et Israël entraînaient le monde vers «des catastrophes». «Noël est célébré cette année alors que des crimes épouvantables sont commis, au su et au vu du monde, ici en Mésopotamie, berceau des Prophètes, dont le peuple croule depuis onze ans sous un embargo injuste accompagné d'une agression militaire continue menée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne avec l'incitation de l'entité sioniste haïssable», avait-il alors souligné. En Irak, majoritairement musulman et officiellement laïc, quelque 5 % de Chrétiens vivent principalement à Baghdad et dans le Nord. Cette minorité chrétienne a pu célébrer Noël malgré la morosité ambiante, en raison de l'embargo en vigueur depuis onze ans et les menaces d'une frappe américaine d'envergure. Des centaines de Chrétiens ont afflué dans la matinée dans les quelque cinquante églises de la capitale. «Nous avons prié pour que notre région, et notamment l'Irak, jouisse de la paix à laquelle le Christ a appelé il y a 2.000 ans», a indiqué l'évêque Emmanuel Delli du patriarcat chaldéen, dont se réclame la majorité des quelque 750.000 chrétiens irakiens. «Nous avons plus que jamais besoin de la paix, nos enfants sont tués en Palestine et ailleurs, et les dangers guettent notre pays», a-t-il ajouté. Attaqué verbalement par les responsables de Washington, l'Irak pourrait devenir la prochaine cible du président Bush. Dans sa dernière édition, le magazine américain Newsweek a d'ailleurs affirmé que de hauts responsables américains étudiaient la possibilité d'envahir l'Irak à la fois par le Nord et par le Sud «afin de renverser Saddam Husseïn». Selon lui, les chefs d'état-major interarmées travaillent actuellement sur un plan qui prévoit le déploiement de 50.000 militaires américains sur la frontière nord de l'Irak et de 50.000 autres sur la frontière sud.