Abderrahman Azzouzi, secrétaire général de la Fédération démocratique du travail (FDT), définit la plate-forme du deuxième round du dialogue social, en qualifiant de «raisonnables» les revendications syndicales. ALM : Qu'attendez-vous, concrètement, du 2ème round du dialogue social ? Abderrahmane Azzouzi : Nous attendons que le gouvernement apporte des réponses urgentes aux questions sociales prioritaires, avec à leur tête celle des salaires et des libertés syndicales. Lors du premier round du dialogue, tenu en février dernier, nous avons fait des propositions raisonnables, notamment en ce qui concerne le volet du relèvement du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Nous avons revendiqué un SMIG à 3000 dirhams, tout en sachant que ce seuil n'est pas suffisant. Nous prenons en considération la conjoncture économique internationale. Nous sommes bel et bien conscients des difficultés que traversent les économies mondiales, et nous nous sommes refusés à nous lancer dans des spéculations irresponsables. Nous n'avons jamais perdu de vue le souci de préserver la paix sociale. Cela étant, nous sommes convaincus que le relèvement du SMIG ne pourra pas remédier à lui seul à la situation. L'actuel exécutif est appelé à procéder à la revalorisation des salaires, en vue de réduire le fossé béant qui existe entre les salaires des uns et des autres. Mais, sur ce point précis de nos revendications, nous préférons temporiser, eu égard aux difficultés actuelles. D'autres points devront interpeller l'attention, notamment la nécessité d'une révision du système des promotions dans les administrations publiques, avec tout ce que cela veut dire en termes d'injustices sociales. Autre sujet à préoccupation, et il n'est pas des moindres : le non-respect des libertés syndicales. Il est inadmissible que ces libertés puissent être encore bafouées dans notre pays, après les avancées indéniables de ces derniers temps. Etes-vous optimiste quant à l'issue de ce 2ème round ? J'espère que le gouvernement fera une analyse sérieuse de la situation sociale que traverse le pays, et répondra au moins au seuil minimum des revendications syndicales. C'est d'autant plus urgent que le citoyen est confronté à une flambée des prix sans précédent. Personne ne peut aujourd'hui nier que le malaise social est à son comble, et que cela nécessite des solutions. Que feriez-vous en cas de non-satisfaction de vos revendications ? C'est le contraire que nous souhaiterions. Ne serait-ce que pour endiguer l'hémorragie des grèves qui se multiplient. Les débrayages qui ponctuent aujourd'hui le secteur des collectivités locales par exemple apportent la preuve de la tension que vit la société.