Un festival qui consacre la créativité poétique et qui jette les bases d'une critique littéraire en mesure de restituer à la poésie amazighe son rayonnement. L'association culturelle Ilmas de Nador, en partenariat avec le ministère de la Culture et l'Institut royal de la culture amazighe, vient d'organiser la quatrième édition du festival national de la poésie amazighe. Un rendez-vous annuel entamé en 2004 et qui continue de drainer les grands poètes de l'Atlas, du Souss et du Rif. Chaque année quinze poètes représentant la diversité culturelle amazighe de ces trois régions se rencontrent pour confronter leurs expériences et déclamer leurs réussites en matière de l'art de la versification. L'édition de cette année a été marquée par la communication de Touria Jabrane, ministre de la Culture, qui a rappelé que depuis le discours royal d'Ajdir le Maroc est en phase harmonieuse avec sa diversité culturelle. Une diversité qui a souvent souffert de clichés et de préjugés réducteurs et d'une interprétation erronée. Or, la culture est le socle sur lequel se bâtit le génie créateur des peuples qui bercent dans l'excellence artistique , a rappelé Touria Jabrane qui n'a pas tari d'éloges sur les associations qui s'impliquent avec savoir faire et abnégation dans la pérennisation du patrimoine culturel marocain. Les travaux réalisés jusqu'à présent au niveau de la collecte du patrimoine oral et de sa sauvegarde témoignent de l'originalité du travail accompli par l'association Ilmas qui s'est donnée comme tâche la préservation d'une culture souvent qualifiée d'orale, selon Saïd Moussaoui coordonnateur du festival. La première journée de cette édition fut consacrée aux lectures des poèmes et fut une opportunité propice pour les différents poètes qui ont déclamé leurs nouveautés ou repris des poèmes modèles pour égayer un public converti . L'espace du centre culturel de Nador se transcenda en égérie autour d'une rime assonante peignant toutes les thématiques à vocation poétique et se rapportant aux idéaux de liberté, d'amour et de sagesse. La soirée fut ponctuée par la distribution des prix de reconnaissance à trois des grands poètes amazighs : Ali Mohamed Benbarek du Sousse, Abdelwahed Hajoui de l'Atlas et Meziane Moutawakile du Rif. Des figures de proue mais aussi de vrais versificateurs qui ont permis à la poésie de gagner ses titres de noblesse. Auteurs d'une œuvre poétique ambitieuse, ils sont considérés comme les initiateurs du renouveau de la poésie amazighe. Le deuxième jour du colloque fut consacré à la critique littéraire et aux études universitaires réalisées autour de la thématique du renouveau dans la poésie amazighe à travers les différents aspects formels et thématiques d'une œuvre aux préoccupations multiples. Ces différentes destinées semblent avoir comme point commun une poésie orale qui a su mémoriser les différents aspects de vie et préoccupations quotidiennes. Ledit colloque fut animé par le professeur Fouad Azerouale avec la participation de Belkacem Jettari qui a présenté une étude sur l'importance des figures de style dans cette poésie. Il a pris comme exemple les poèmes d'Ahmed Ziani notamment son recueil «Adarigh dak azrou». De son côté, Ali Amssoubri a expliqué que la poésie est à dominante orale dans l'Atlas avec seulement deux recueils publiés jusqu'à maintenant. Quant à Abdelatif Zizaoui, il a abordé cette poésie sous un aspect linguistique. Ceci dit, il s'avère que la critique littéraire de ce genre littéraire n'a pas encore spécifié ses propres outils d'analyse. Et pour inscrire le festival dans une nouvelle vision d'entente avec les cultures et expériences artistiques avoisinantes la poétesse espagnole Magdalena Mora Jimenet fut aussi honorée pour l'ensemble de son œuvre qui prône entre autres, le pacifisme et la tolérance.