La police danoise a arrêté mardi un Marocain et deux Tunisiens qui projetaient d'assassiner l'auteur de caricatures du Prophète Sidna Mohammed. Un Marocain et deux tunisiens ont été arrêtés mardi par la police danoise, projetaient d'assassiner Kurt Westergaard, le caricaturiste qui avait publié des dessins portant atteinte à la personne du Prophète. Ces caricatures avaient provoqué en 2006 une violente vague de protestation dans le monde musulman. Mercredi, onze journaux danois, dont les trois plus grands, ont publié , au nom de la liberté d'expression, une caricature du Prophète Mohammed dessinée par un auteur qui était la cible d'un attentat, déjoué mardi par la police. Parmi ces journaux figure le grand quotidien conservateur Berlingske Tidende qui, pour la première fois, a décidé de reproduire cette caricature controversée - la tête du Prophète coiffée d'un turban en forme de bombe à la mèche allumée - pour montrer, à l'instar des autres journaux, son refus de l'autocensure après les menaces de mort contre un dessinateur de la presse. «La liberté d'expression donne le droit de penser, de parler et de dessiner ce qu'on veut (...) et les projets terroristes n'y changeront rien», écrit le quotidien dans un éditorial. Kurt Westergaard, l'auteur de ce dessin qui faisait partie des douze caricatures du Prophète Mohammed publiées le 30 septembre 2005 dans le journal danois Jyllands-Posten. La publication de ces dessins satiriques avait déclenché en janvier et février 2006 de violentes protestations contre le Danemark dans le monde musulman. La presse danoise est unanime à condamner le projet d'attentat contre Westergaard, considéré comme un attentat contre la démocratie. Même le journal de référence Politiken (centre-gauche), le plus critique envers «les dessins provocateurs», selon lui, de Jyllands-Posten, s'est rallié à ces condamnations. «Ce plan d'attentat est profondément choquant et inquiétant et montre qu'il existe des musulmans fanatiques qui ne respectent ni la liberté d'expression, ni la loi» note son éditorialiste. «Indépendamment du fait que Jyllands-Posten, en son temps, a utilisé la liberté d'expression à la fois de manière déraisonnable et avec des conséquences nuisibles, le journal doit bénéficier d'une solidarité sans conditions lorsqu'il est menacé de terrorisme», souligne-t-il. Cependant Politiken, à l'instar de plusieurs partis de centre-gauche, d'avocats et d'Amnesty International, a vivement critiqué la décision d'expulser sans jugement les deux ressortissants tunisiens, annoncée par les autorités danoises mardi. «L'impuissance est le langage du terrorisme, pas celui de l'Etat de droit» titre le journal à la une. Le 26 octobre 2006, un tribunal danois avait débouté la plainte pour diffamation déposée par sept organisations musulmanes du Danemark contre le «Jyllands-Posten». Le tribunal municipal d'Aarhus avait reconnu qu'il ne pouvait être exclu que certains musulmans aient pu être offensés par ces 12 caricatures mais qu'il n'y avait aucune raison de présumer que ces dessins avaient été réalisés avec l'intention «d'être irrespectueux envers les musulmans». L'affaire avait relancé aussi le débat sur la liberté de la presse et l'autocensure.