Après l'organisation du séminaire international sur le compostage des déchets urbains et la mise en place d'une opération pilote de compostage à Kasba Tadla, Dr El Ghmari, vice-doyen de la Faculté des sciences et techniques (FST) de Beni Mellal, fait le point sur l'importance d'un tel séminaire. ALM : Vous êtes l'un des organisateurs du Forum et membre du CEFREPADE. Pourriez-vous nous donner plus de détails sur cette association ? Dr Abderrahmane El Ghmari: Le Centre francophone de recherche partenariale sur l'assainissement, les déchets et l'environnement (CEFREPADE) a été créé en juillet 2007 à l'initiative d'un réseau de scientifiques engagés dans la recherche de solutions durables pour la gestion des déchets et l'assainissement dans les pays du Sud et les pays émergents. L'année dernière, nous avons assisté à la thèse de Fouad Zahrani à l'INSA de Lyon. Par la suite, j'ai rencontré mes collègues spécialistes dans le domaine de la gestion de l'environnement et particulièrement la gestion des déchets. On s'est rendu compte, ensemble, que la filière compostage connaissait quelques difficultés dans le monde et que la meilleure façon était de créer une association à but non lucratif, formée d'experts. C'est un grand honneur pour nous que la première sortie de cette association se fasse à Tadla, au Maroc. Le 25 février, on sera à Yaoundé, au Cameroun, pour un atelier de compostage. A qui incombe le problème de la gestion des déchets solides ? D'abord, le compostage est un procédé de traitement biologique des déchets organiques. Après broyage, les déchets subissent une fermentation aérobie qui les transforme en un produit utilisable, comme amendement agricole. Dans certaines régions, la quantité des déchets qui ne cesse de s'accentuer n'a pas pour origine uniquement la croissance du nombre d'habitants, mais il y a aussi l'amélioration du niveau de vie. Il y a également le développement socio-économique de certaines régions qui n'est pas accompagné de mesures de protection de l'environnement surtout en ce qui concerne le secteur de gestion de déchets solides . Il s'agit d'une affaire tripartite et une responsabilité qui est partagée entre l'Etat, les élus et la société civile. Il est primordial dans le domaine de la gestion des déchets solides d'avoir la participation active de la population qui a un rôle très important à jouer surtout après la phase de l'après collecte. Cette participation évite la complication environnementale des déchets. Nous allons mener des campagnes de sensibilisation auprès des lycées, des écoles et auprès des femmes. Les Tadlaouis sont appelés à agir localement pour participer à la gestion des déchets solides. L'Etat et la commune, sans la population, ne pourront pas résoudre ce problème. On sensibilisera la population mais aussi les agriculteurs, les forestiers, les sociétés...Malheureusement, le jour du forum, il n'y a pas eu de visites des sociétés privées de collecte. Il aurait fallu qu'elles participent aux actions de traitement car l'essentiel ne se limite pas à mettre les déchets dans les sacs de décharge. Quelle est l'importance du séminaire international organisé à Tadla et surtout celle du projet- pilote relatif à la gestion des déchets urbains solides ? Le séminaire organisé à Tadla était une journée très réussie. Notre intention est de créer le forum de la gestion des déchets solides. C'est un forum qui s'inspire de cette affaire tripartite de responsabilité. L'Etat y a été représenté les autorités locales, par les divisions et les représentations régionales des différents ministères. Nous voudrions que tout le monde adhère à ce projet. Pour que la gestion des déchets soit une entreprise citoyenne, il faut d'abord un travail de communication et de sensibilisation pour participer aux actions de traitements. Avec Tadla, nous en sommes à notre troisième rencontre. Nous avons déjà travaillé avec l'association Litinga sur la mise en place de la gestion des eaux usées et c'est une autre expérience pilote qu'on aimerait bien réussir. L'importance de cette rencontre internationale réside dans le fait que c'est la première du genre qui a eu lieu à Tadla, au Maroc et qui a regroupé des experts internationaux en matière de gestion des déchets solides. Notons que les experts de la FST de Beni Mellal ont joué un rôle important dans la réussite de cette rencontre et nous souhaitons enfin que cette expérience pilote soit généralisée à l'ensemble du Royaume et pourquoi pas du monde entier.