Le durcissement des mesures de contrôle des chantiers en construction a été à l'ordre du jour d'une rencontre qui a réuni, vendredi à Rabat, les ministres de l'Intérieur, de la Justice et de l'Habitat. Le laxisme en matière de construction aura la vie dure. Une commission tripartite, composée des services compétents des ministères de la Justice, de l'Intérieur et de l'Habitat, veillera désormais à l'application, voire le durcissement, des mesures de contrôle des chantiers en construction, indique un communiqué du ministère de l'Intérieur, diffusé à l'issue d'une réunion, vendredi à Rabat, entre les ministres Chakib Benmoussa, Abdelouahed Radi et Taoufik Hejira. «Cette commission sera chargée d'élaborer des procédures simples et efficaces dans le but de permettre aux autorités compétentes d'intervenir rapidement dans le domaine de la lutte contre le phénomène de l'habitat illégal et de garantir un contrôle efficient des chantiers de construction», révèle le communiqué, sans toutefois préciser la date de la mise en place de cette commission. Le ministère de l'Intérieur, ainsi que celui de l'Habitat, avaient appelé, au lendemain de l'effondrement tragique d'un immeuble à Kénitra, au durcissement des textes en vigueur en matière de contrôle des chantiers, en invitant l'appareil législatif à se joindre aux efforts en cours pour renforcer les mesures répressives contre les contrevenants. La création de la commission tripartite, qui se veut un premier pas vers le renforcement de ces mesures, intervient alors que les résultats de l'enquête sur la tragédie survenue dans le complexe «Al Manal», à Kénitra, n'ont pas encore été révélés. Pour rappel, deux équipes d'enquêteurs sont mobilisées pour déterminer les circonstances et définir les responsables du drame qui avait fait 18 morts, ainsi que 26 blessés. Outre l'enquête de la police judiciaire de Kénitra, une commission technique chargée par le gouvernement d'effectuer une expertise technique est à pied d'œuvre sur le lieu du drame. D'après des sources bien informées, des échantillons auraient été prélevés sur le sol du complexe «Al Amal» pour les besoins d'analyse. Les mêmes sources relèvent la non-conformité de ce sol avec les critères de construction, en précisant que le même sol était marécageux. S'agissant de l'enquête de la PJ de Kénitra, cette dernière avait déjà procédé à l'audition des différents protagonistes en rapport avec ce dossier, dont notamment le maître d'ouvrage, l'architecte et le chef de chantier. Une deuxième audition devrait être effectuée par la PJ de la même ville, à la lumière des résultats de la commission technique créée par le gouvernement. En ce qui concerne l'habitat illégal, la même fermeté a été exprimée par les ministres de l'Intérieur, de la Justice et de l'Habitat lors de la réunion de vendredi dernier. Cette disposition s'explique par l'incident tragique survenu au mois de janvier 2008 dans la commune rurale de Dar Bouazza, suite à la démolition d'un immeuble qui a fait un mort. Les responsables de ce drame avaient été déférés devant un tribunal casablancais, soit un agent d'autorité (mokaddem) et des éléments des Forces auxiliaires, entre autres. Face à l'hémorragie des écroulements, à Dar Bouazza, à Kénitra, et bien ailleurs, les autorités publiques entendent sévir de manière encore plus efficace. La sécurité et la vie des citoyens sont en jeu.