Humilié, violenté et maltraité durant son enfance par sa mère, un jeune homme a fini, une vingtaine d'années plus tard, par la tuer atrocement. Il est encore jeune, la trentaine, et a été gardé depuis un an en détention préventive. Peu importe son nom et son prénom, Ce qui est important, c'est son crime horrible, abominable et atroce. Quand il est conduit à l'intérieur de la salle d'audience, à la chambre criminelle, premier degré, près la Cour d'appel de Casablanca, il ne donnait pas l'impression d'avoir commis un tel crime. Qui pourrait croire que ce jeune homme, calme, d'un air sérieux et qui n'osait même pas regarder le président de la Cour et ses deux assesseurs droit dans les yeux, serait capable de commettre un crime dépassant les normes de l'humanité contre la personne la plus préférée du monde, à savoir la mère. «Tu es accusé de matricide volontaire avec préméditation et guet-apens, qu'en dis-tu ?», lui a demandé le président de la Cour. L'accusé a gardé le silence. Le président a tenté de l'inciter à avouer. En vain. imperturbable, il est resté planté au box des accusés. Il était dans cet état lors des deux premières audiences consacrées à son dossier. Jouait-il la comédie pour tromper la Cour ? «Non, M. le président… », a répondu l'avocat de la défense en se basant sur le rapport du psychologue qui s'est penché, sur ordre de la Cour, sur son cas. «Tu te souviens de ce que tu as fait à ta mère ?», a dit le président de la Cour en s'adressant à l'accusé qui s'est contenté, cette fois-ci, de hocher la tête pour signifier qu'il ne se rappelait de rien. Il ne se souvenait pas du moment précis où il s'était planté devant elle, les yeux enflammés ayant un couteau dans sa main droite. Il ne se souvenait pas de l'avoir empêchée de s'enfuir et de demander secours ; de l'avoir criblée d'une trentaine de coups de couteau ; et pour couronner le tout, de l'avoir égorgée comme s'il s'agissait d'une bête au point qu'il a séparé sa tête de son corps. L'achèvement dépassait la monstruosité puisque le criminel a arraché les deux yeux de sa mère après lui avoir rasé le crâne et coupé la langue. Quelle horreur ! Cela dépasse, effectivement, l'imagination. Pourquoi toute cette atrocité contre sa mère ? L'a-t-il surprise en compagnie de son amant sur le même lit ? En fait, la mère prenait ses précautions pour que sa relation avec son amant soit discrète. Son unique fils l'a-t-il surprise en flagrant délit ? Non. Le psychiatre désigné par la Cour a consigné dans son rapport, après quelques séances, que le fils haïssait sa mère. Elle était très dure avec lui. Elle le violentait souvent et le maltraitait sauvagement sous prétexte de lui faire apprendre ses cours, a précisé son cousin qui a été convoqué sur requête de la défense pour présenter son témoignage. Une haine qui s'est nourrie durant toute une vingtaine d'années avant de commettre l'irréparable. Est-il responsable donc de ses actes ? Sur la base du rapport du psychiatre, la Cour l'a jugé irresponsable de son acte criminel. Et le juge a ordonné de le soumettre à un traitement psychiatrique jusqu'à son rétablissement.