En ce début de semaine, les amateurs de football chez nous font grise mine. On les a privés de derby, ou plutôt on les a privés de football en dénaturant le derby. Qu'est-ce que le derby en fait si ce n'est la vitrine de notre football ? Une fête, un événement, un spectacle, une cérémonie qui met aux prises les deux grands clubs de Casablanca devant une foule accourue de toute la métropole pour ne pas dire des villes avoisinantes. Peu importe le classement au moment de la rencontre, ce ne sont pas trois points qui sont en jeu, c'est beaucoup plus. C'est la suprématie au niveau de la ville et parfois par extension au niveau du pays. Notre derby est malade. Le titre que l'on a donné à cette chronique, aurait très bien pu apparaître au lendemain de la dernière (houleuse) confrontation entre le Raja et le Wydad. Autant les incidents de vandalisme (plus que du hooliganisme) qui ont eu lieu lors du dernier match de Coupe ont été inexcusables, injustifiés, très loin des valeurs du sport et ont gâché toute velléité de joie wydadie. Autant regrettables furent les décisions prises à l'encontre des deux clubs à la suite de ces mêmes incidents laissant un goût d'amertume à la victoire rajaouie de samedi. Consternant spectacle que ce dernier derby joué devant moins de 2.000 personnes. Le public n'a pas suivi. Et sans public, point de football et du coup point de spectacle. Le déplacer à Rabat ne semble pas être en soi la cause principale de cette désertion. Les deux derbys de l'an dernier avaient eu lieu dans la capitale et avaient drainé la foule des grands jours. Sauf, que la saison dernière la cause était légitime, le complexe Mohammed V connaissait d'importants travaux de réaménagement. Cette fois ci, le public casablancais a boudé la rencontre parce qu'il ne semble plus vouloir cautionner les dernières décisions (sanctions) fédérales qui le moins que l'on puisse dire ont laissé plus d'un observateur perplexe. Déjà échaudé par l'unilatéralisme de la fédé qui a organisé WAC-Orouba et Raja-Merikh en Coupe arabe à Rabat sans mêmes aviser les clubs concernés (!) ; il n'a pas accepté ce nouvel affront lui qui traditionnellement rechigne à descendre sur la capitale. Tout cela a malheuresement fait passer le match au second plan. Dommage, parce qu'assez plaisante fut la rencontre. Les jeunes loups du Raja bien que pas vraiment favoris sur le papier ont joué le coup à fond face à des Rouges visiblement un peu trop confiants. Une victoire logique (2-0) pour un résultat qui s'il pourrait lancer définitivement la saison des Verts dont c'était la toute première victoire en championnat après six journées, laisse dubitatif le public du Wydad qui semble encore attendre la qualité de jeu promise par les nombreux recrutements de l'été dernier. Ceci dit, les amoureux du football semblent désormais plus se préoccuper de l'avenir de ce sport dans notre pays et la manière dont il est géré que des difficultés tactiques du WAC du moment.