Depuis dimanche, Israël est en état d'alerte rouge suite à des menaces d'attentat notamment à Jérusalem. A la veille de la rencontre sur la paix au Proche-Orient, la confiance est loin de régner auprès des deux populations, israélienne et palestinienne. Dimanche matin les services de police israéliens ont commencé des opérations de sécurité suite à des menaces d'attentat dans la ville sainte. L'entrée de Jérusalem a été bouclée pendant plusieurs heures causant une perturbation du trafic routier important. Les check-points dans toute la Cisjordanie ont été renforcés afin de prévenir d'une éventuelle attaque coïncidant avec la conférence de paix. Cet état d'alerte maximal a été élargi à toute la région et sera maintenu jusqu'à la fin de la rencontre d'Annapolis. «Les forces de police sont en alerte dans tout le pays depuis dimanche soir, et ce jusqu'au 28 novembre inclus, par peur d'une attaque due à Annapolis», a déclaré à la presse le porte-parole de la police israélienne, Micky Rosenfeld. «Les patrouilles ont été multipliées, de même que les barrages routiers sur les routes d'accès aux grandes villes israéliennes. Il y a des fouilles, des vérifications et des contrôles systématiques aux stations d'autobus, dans les centres commerciaux et les secteurs à forte densité de population», a insisté M. Rosenfeld. Dans la vieille ville de Jérusalem, où se côtoient quotidiennement juifs et arabes, l'ambiance reste calme et les espoirs de paix quasi-inexistants. «Cette conférence ne veut rien dire, la seule solution c'est la guerre», déclare Paul, 40 ans, habitant du quartier juif de la vieille ville. «Nous n'avons aucun espoir de paix et Jérusalem ne reviendra jamais aux arabes, ils ont beaucoup de terres, ils n'ont qu'à aller en Jordanie ou en Egypte», ajoute Rami, 45 ans, commerçant du même quartier. «Moi, je suis irakien et je ne peux pas rentrer chez moi, car ils veulent me tuer. Israël veut la paix, mais les Palestiniens non», déclare-t-il avant d'affirmer que les alertes maximales ne lui font pas peur et qu'ils ont l'habitude de faire face à ce type de situation. David, 39 ans, habitant de Tel-Aviv, garde tout de même espoir, «je suis comme tout le monde, je suis sceptique, mais j'espère de cette conférence une assurance pour l'avenir. Il y a un sentiment d'indifférence ici. Moi, je n'attends pas un accord entre des paroles mais entre les arrière-pensées des protagonistes», explique-t-il. «Je suis pour un Etat palestinien au côté d'Israël et je suis prêt à céder une partie de Jérusalem car je sais que Jérusalem-Est est palestinien. J'exigerai par contre, qu'ils ne renient pas l'historicité juive de Jérusalem et notamment l'existence du Mont du Temple qui porte aujourd'hui la mosquée d'Al Aqsa», insiste David. Dans le quartier musulman de la vieille ville de Jérusalem, Annapolis est au cœur des discussions. «Je ne suis pas contre la paix, mais nous vivons sous occupation, il faut être réaliste. Si les Israéliens ne rendent pas la liberté aux Palestiniens, rien ne changera», explique Nisreen, 27 ans. «Cette conférence n'est qu'au bénéfice des Israéliens et des Américains», s'exclame Samir, 43 ans, «nous ne faisons confiance à personne, car nous n'avons jamais rien obtenu», insiste-t-il. «Ils veulent maintenant déclarer le caractère exclusivement juif d'Israël», s'indigne Aithan, 43 ans, commerçant. «Alors que sommes-nous : musulmans, chrétiens et druzes qui vivons ici ? Rien, juste des invités, nous n'avons aucun droit. Les Israéliens se conduisent avec nous comme les Américains l'ont fait avec les indiens. La paix passe par la construction d'un Etat palestinien», conclut-il. Les habitants n'attendent rien de concret de ces tentatives de négociations. Reste aux protagonistes de la conférence d'Annapolis de trouver la voie pour insuffler une confiance qui a disparu depuis longtemps.